Dans le cadre des coups de cœur de la rentrée littéraire 2015, j’ai eu la chance de lire en version électronique « La maladroite» de Alexandre Seurat. Je remercie infiniment les librairies Decitre ainsi que les éditions du Rouergue pour cette avant-première.
Ce premier roman d’Alexandre Seurat est tout petit : à peine 79 pages indique ma liseuse. C’est court mais c’est très intense.
L’auteur s’inspire d’un fait divers récent, le meurtre d’une enfant de huit ans par ses parents. On connait donc dès le début du livre l’issue fatale. Il traite la vie de Diana, de sa naissance chaotique (sous X puis récupérée par ses parents un mois après) en passant par les différents déménagements pour masquer la maltraitance jusqu’à sa disparition et sa mort…
Pour donner du crédit à son intrigue, l’auteur utilise le roman choral en faisant parler à tour de rôle tous les protagonistes ayant croisés le chemin de Diana. Qu’il s’agisse de la famille (sa grand-mère, son frère), du personnel de l’Education Nationale (ses différentes directrices ou instituteurs) ou des autorités (médecins scolaires, gendarmes), tous ressentent la même chose : un malaise. A leur niveau, ils ont essayé d’aider Diana … mais face au mutisme de cette dernière qui en plus défend son entourage, aucun n’y parviendra. D’autres ne l’ont pas crue, l’ont littéralement ignorée et laissée dans son malheur. Ce jeu de rôle entre les parents et l’enfant (l’enfant dit exactement la même chose que les parents, semble avoir parfaitement appris sa leçon et donc semble consentante à ce traitement horrible) est aussi barbare que cruel et choquant. C’est très perturbant et met le lecteur mal à l’aise.
« En quinze jours de classe, j’avais compris, les bleus, les bosses, quand j’y repense j’ai l’impression que tout s’est déroulé à travers un cauchemar. Alors, je ne vois plus ma classe, mes élèves se figent en noir et blanc – et parmi eux, il y a Diana : elle est la seule à ne pas être en noir et blanc et à ne pas être immobile, je la sais en danger, elle me regarde, comme si elle guettait de moi ce que je peux faire, ce que je vais faire. Mais dans le cauchemar, je sais que tout est déjà trop tard pour elle, elle me regarde, et je ne peux rien faire, et je voudrais qu’elle me pardonne. «
Construit comme une sorte de reconstitution post mortem, ces différents témoignages successifs se lisent très vite, s’enchainent très bien et donnent beaucoup d’intérêt au roman. Impossible de lâcher le livre une fois celui-ci entamé. Et après moins de deux heures, on tourne la dernière page le cœur gros…
Usant d’un style simple, sobre mais percutant, Alexandre Seurat traite sans pathos, ni voyeurisme la maltraitance d’un enfant, thème qu’il semble parfaitement maitrisé. On ne peut qu’être touché et révolté par ce qu’on lit. Mais qu’aurait on fait si on avait été à la place des instituteurs, directrices ou autres médecins scolaires ? Comment des parents peuvent-ils à ce point haïr leur enfant et leur faire subir de tels traitements ? Ce roman choc, poignant nous remue et nous interroge…
Habile et bien mené, ce premier roman est une vraie réussite. Je vous le conseille.
4/5
Je suis d’accord avec toi, c’est un premier roman très réussi !!!
J’avais eu la chance de te lire en avant-première…un premier roman réussi sur un sujet pourtant bien délicat.
Tout à fait d’accord avec toi.
Outre l’histoire (qui, bien sûr vous prend aux tripes), j’ai beaucoup aimé le mode de narration utilisé. Un roman réussi qui vaut la peine qu’on s’y attarde !
Pas lu la chronique (enfin, juste un peu…;-)), mais je l’ai acheté aujourd’hui…dans quelques jours, mon point de vue.
Je ne le manquerai pas 😉 Bonne lecture
Voilà ! Je viens de poster ma chronique sur lecteurs et de lire la tienne. Nous sommes raccord (même si je le note 5/5). Un premier roman vraiment excellent.