Mayacumbra – Alain CADEO

7
Mayacumbra - Alain CADEO

Mayacumbra est le dernier roman de Alain CADEO publié aux éditions La Trace en cette fin d’année 2019.

Fan inconditionnel de l’auteur, à la fois de sa plume et de sa personne, je ne pouvais pas faire l’impasse. Et pourtant… En ces temps noirs et difficiles, en ces temps de doutes et de remises en question, en ces temps de fatigue accumulée et de perte d’envie, rien n’était gagné.

La vraie littérature à l’écriture exquise

Un texte de Alain CADEO, c’est forcément fort et marquant, c’est forcément littéraire et érudit, c’est forcément un apprentissage tel un cours de lettres des plus grands spécialistes. Lire Alain CADEO, c’est réfléchir, c’est s’élever, c’est revenir aux fondamentaux, à la réelle signification de l’écriture, du poids et de la valeur des mots, du sens des valeurs.

Je me suis donc refusé de lire Mayacumbra sans envie, sans moral, sans temps disponible.

« Où que l’on se trouve dans le monde, on ne peut jamais être tranquille longtemps. On passe sa vie à attendre, le pire ou le meilleur. »

Vous l’avez compris, j’attendais d’être débarrassé des charges mentales destructrices, j’attendais ce break de fin d’année non pas à l’ombre du noyer comme l’été, mais au calme de mes forêts landaises. Là où les odeurs sauvages se mélangent avec les champs des oiseaux, le cri du coq…, là où pollution et embouteillages sont des mots inconnus, là où règne calme et sérénité.

Et quel meilleur lieu pour cheminer avec Théo et son âne Ferdinand sur les chemins. A l’instar de Théo, je suis un solitaire, je revendique ma liberté mais j’aime l’humain, j’aime le contact multiculturel qui enrichit, qui rend humble et utile.

Dans notre monde de trahison, cupidité, orgueil et culte de l’image, à l’instar de Théo j’ai envie de fuir. J’ai envie de tout quitter et de partir sur les chemins. De Compostelle me concernant… ou de Santiago du Chili… et donc de Mayacumbra. Mayacumbra, Compostelle… si éloigné si proche, si comparable.

« Il n’y a que les choses en lesquelles on croit qui existent, tant pis pour ceux qui doutent ».

En cheminant au fil des pages, on se délecte de la musicalité des phrases, du choix des mots, des digressions toujours fort à propos de Alain CADEO. S’il donne son avis, il ne l’assène pas, l’impose encore moins. A l’inverse, il « pose cela la » comme il serait d’usage de dire aujourd’hui. Il interpelle, il jette un pavé dans la mare ou une bouteille à la mer. Chacun est libre, selon sa sensibilité, de saisir la balle au bond et approfondir. Souvent cela fait mouche tant cela pique et c’est documenté. C’est surtout d’une immense justesse.

S’il n’y a pas de chapitre, on est loin d’être perdu ou découragé. Bien au contraire, il est difficile de lâcher le livre tant la poésie nous subjugue, les références à De Nerval, Rimbaud, Baudelaire nous éclairent. Si le rythme se confond avec celui du marcheur, comme lui il est plus ou moins dynamique en fonction des chemins, de l’état de fatigue ou de moral au fil des pages. La encore, soulignons que la volonté d’avancer est inébranlable. A petit pas ou à grande vitesse, s’arrêter est inconcevable.

Ce livre est un met addictif mais tellement sain. On le savoure tel qu’il est : point besoin d’ajouter quoique ce soit. Il nous ravit, il nous fait sourire, il nous émeut. Ce livre est une pépite d’or massif, ce livre est source de lumière. Ce livre est salvateur.

Alain CADEO, ce pèlerin des mots…

Alain CADEO confirme ici qu’il est un orfèvre, qu’il est un auteur majuscule, un pèlerin des mots.

J’ai évoqué précédemment le choix des mots et la musicalité des phrases. On constate en effet que l’auteur est particulièrement attentif à la fabrication de ces dernières, à « l’assemblage » des mots. IL se lit agréablement et dois également être une pure merveille à écouter. Souvent j’ai lu à voix haute des passages et ai eu une sensation encore plus forte, plus marquante.

L’écriture, c’est la marque de fabrique de Alain CADEO. Elle est tellement caractéristique et reconnaissable. Comme le bon vin, elle se bonifie dans le temps.

L’auteur laisse une empreinte, une trace durable, indélébile dans nos esprits de lecteur, d’amoureux des livres.   

« Quel est le con qui pourrait dire que les mots ne sont rien ? C’est sans doute celui qui est entouré d’une foule de bavards inutiles. »

400 pages c’est long ? Vraiment ? N’êtes vous pas les premiers à foncer voir le dernier Star Wars qui dure un temps certain ? Ou un Tarantino ?

Non vraiment, ouvrez Mayacumbra, adoptez Théo et son âne Ferdinand, découvrez Lita.

Je vous assure que ce conte restera longtemps gravé en vous, que non seulement vous ne le regretterez pas, mais que vous en sortirez réconcilier avec la littérature, la vraie, celle qui mérite qu’on dépense une grosse vingtaine d’euros. Le temps n’est rien quand il est bien utilisé. On ne perd jamais de temps avec les belles et bonnes choses.

Un ami disait cet après-midi « tout le monde devrait écrire, mais seuls quelques-uns doivent publier ». Mon cher Alain CADEO, surtout ne nous abandonne pas ! Je sais que tu écris tous les jours, je ne peux te croiser sans un cahier, une feuille, un bout de nappe et ton stylo.  Offre-nous encore de somptueux textes, incite-nous encore à réfléchir, maintiens dans l’actualité des thèmes et des auteurs que le monde actuel veut banaliser, oublier. Compte sur moi, compte sur nous pour en parler.

Il est dur pour moi d’écrire et de vous faire imaginer tout ce que j’ai ressenti en lisant Mayacumbra. D’aucuns diront que je manque d’objectivité. Je le sais, je l’assume et le revendique. Les auteurs à texte, ceux pour qui l’art est dans la phrase, le choix méticuleux des mots, les rythmes entrainant, les expressions travaillées, les temps inusuels… non seulement il faut les remercier mais il faut les faire connaitre, les mettre en avant.

Un dernier mot ? Pour ma part, ce sera vivement… la suite 😉

Je vous souhaite une bonne lecture et vous laisse avec l’auteur :

« Ne dit-on pas que les grandes rencontres sont des électrochocs ? Elles nous laissent vidés, sonnés, cœurs battants, comme en apnée, dans une zone se situant entre le cortex et le bassin, là où enfin il n’est plus nécessaire de réfléchir. Là, où il est simplement lumineux, évident, que l’urgence est d’assembler, enfin, ce qui était perdu, disséminé depuis la nuit des temps. ».

5/5 INCONTOURNABLE – COUP DE COEUR

7 Commentaires

  1. Je n’ai pas encore lu Alain Cadéo mais j’aime ses citations qui s’égrènent sur la toile… Merci pour ce coup de coeur ! Son livre a été présenté lors d’un autre bilan. Il a plusieurs fans ;).

  2. Nous avions déjà échangé à propos de cet auteur. Je ne l’ai toujours pas lu. En revanche, j’ai lu hier sur un autre blog une autre magnifique critique de ce livre. Tu n’as pas à t’excuser de ne pas être objectif, quand on aime un auteur, on ne mâche pas ses mots, on les crie. Merci pour cette chronique authentique.
    J’ai vraiment envie de découvrir cette écriture-là !

  3. Mon message n’est pas passé ? Dans lequel je disais que tu m’avais déjà bien alléché avec cet auteur il y a quelques temps, tu devais même m’envoyer un livre… bref… et celui-là j’ai très envie de le lire, d’autant plus que tu n’es pas le premier à en dire le plus grand bien.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici