« Ayant eu pour métier l’étude de l’Antiquité gréco-romaine, je n’ai cessé de rencontrer Palmyre sur mon chemin professionnel. Avec la destruction de Palmyre par l’organisation terroriste de Daech, tout un pan de notre culture et mon sujet d’étude viennent brutalement de voler en éclats ».
En 4 lignes dans l’introduction de ce beau témoignage de 140 pages, Paul Veyne nous témoigne toute sa tristesse et la raison d’être de ce livre: un témoignage au service de l’Histoire et de la mémoire. Celui-ci est dédié à Khaled Al-Assaad, directeur général des Antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, assassiné pour s’être intéressé aux idoles.
Pourquoi un groupe terroriste saccage-t-il les monuments inoffensifs d’un lointin passé ( ou les met-il en vente)? Pourquoi détruire cette Palmyre qui était classée par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité? Et pourquoi tant de massacres, parmi lesquels le supplice, la torture, la décapitation, le 18 août 2015, de l’archéologue palmyrénien Khaled al-Assaad auquel est dédié ce livre?
Palmyre, l’irremplaçable trésor est un régal de lecture pour tout ceux qui aiment l’Histoire. A l’instar de l’auteur, même si je n’ai ni ses connaissances, ni son talent, et n’ai malheureusement pas eu la joie de visiter Palmyre, on ne peut qu’être excessivement triste de la destruction de ce joyau par l’EI.
« Malgré mon âge avancé, c’était mon devoir d’ancien professeur et d’être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d’esquisser un portait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu’on ne peut plus désormais connaitre qu’as travers les livres ».
En une douzaine de chapitres, avec un cahier central de photos afin d’illustrer ses propos, l’auteur nous conte tout ce qui a fait l’intérêt de Palmyre: la richesse dans le désert, une identité hybride, une tribu syrienne et une cité hellénisée, … Palmyre était à la croisée des cultures, des langues, des religions, en somme un endroit incontournable…
C’est superbement écrit, aussi émouvant, passionnant qu’instructif. J’ai beaucoup apprécié notamment les lignes dédiées à la reine Zénobie. L’auteur cite nombreux autres livres écrits sur Palmyre, ce qui permet au lecteur d’approfondir le sujet s’il le souhaite. Pour lui, Palmyre c’était:
L’histoire de Palmyre aura été celle d’une petite société qui vivait aux frontières de la grande civilisation dont ses élites étaient plus ou moins largement imprégnées, ce qu avait abouti à une culture mixte.
Il n’oublie pas pour autant les événements récents… et conclut son livre si justement… je ne peux que partager cette opinion et vous conseiller la lecture de cet opus.
Oui, décidément, ne connaître, ne vouloir connaître qu’une seule culture, la sienne, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir.
4/5