Tu tueras le père de Sandrone Dazieri est le premier thriller de la nouvelle collection La Bête Noire chez Robert Laffont. Et quel baptême!! Ce pavé de 665 pages est un véritable chef d’œuvre, une tuerie et un très gros coup de cœur pour ma part.
Je remercie les éditions Robert Laffont pour cette lecture numérique.
Tout commence avec la couverture, aussi réussie qu’intrigante! Cette couleur sang des lettres, ce faisceau lumineux éclairant un oiseau dans la nuit, comment rester insensible à une telle présentation?
Il y a ensuite les premières pages, noires et angoissantes, qui vous happent d’emblée: une femme décapitée, un garçonnet disparu et un mari instantanément accusé. Cette sensation de suffocation, de prise à la gorge ne vous lâchera plus de tout le livre. Le décor est planté!
Un des gros points forts du livre est les personnages. Qu’ils soient principaux ou secondaires, ils sont tous intéressants et apportent à l’intrigue.
Le couple d’enquêteurs, Colomba Caselli et Dante Torre, est atypique: deux âmes abimées, deux écorchés de la vie au passé torturé qui unissent leurs forces. Ils ont tous les deux leur propre histoire qui explique leur fragilité. C’est parfaitement décrit par l’auteur qui les rend à la fois attachant et énervant. Colomba est en « arrêt pour convalescence » après le Désastre (une explosion à Paris où elle a été blessée et pour laquelle elle se sent responsable des nombreux morts). Dante est « l’enfant du silo », celui qui a été kidnappé dans sa jeunesse par le Père et qui s’est échappé. C’est une sorte de mentaliste pour Colomba.
Quand il sortit pour fumer une cigarette avec eux, Dante observa chacun de ses mouvements. Hâte, fatigue, ennui. Aucun sentiment de culpabilité ne semblait peser sur ses épaules, aucune crainte non plus, si ce n’est celle que suscitait fatalement la rencontre avec une policière.
Entre les manies (claustrophobie, cocktail de médicaments, choix des grains de café, …) de Dante et les crises de panique de Colomba, on se demande souvent qui va craquer en premier, qui va tirer l’autre vers l’avant, qui va montrer à l’autre qu’il tient le choc. Ils s’engueulent, ils se moquent d’eux-même mais ils forment un duo efficace pour échapper aux multiples dangers rencontrés, déjouer les pièges et mener l’enquête hors de la voie officielle.
Et, pour la première fois, il avait perçu que le doute qui l’habitait était peut être fondé, qu’il ne trouverait plus même un semblant de paix s’il n’établissait pas la vérité avec certitude. Et qu’avait il trouvé derrière les brouillards et les miroirs? derrière les paravents et les jeux d’éventail? L’abîme. Qui l’avait englouti.
Et puis il y a le Père… et son équipe de petites mains qui font régner la terreur. Ils enlèvent, tuent violemment, brulent… L’angoisse est permanente et une atmosphère d’effroi persiste tout au long de la lecture. Le Père se cache, il est tapi dans l’ombre mais il est présent où que les personnages aillent. Son regard bleu dans la nuit… son influence psychologique sur Dante… Au jeu des comparaisons, le Père m’a fait penser à Keyser Söse de Usual Suspects.
L’autre point fort, c’est l’écriture de Sandrone Dazieri. Sa plume nous envoute, nous captive, nous rend littéralement addictif au récit. On ne s’aperçoit pas des pages qui tournent à un rythme frénétique (pas ou vraiment très peu de longueur dans ce pavé).
Tu n’es qu’un… monstre malade. Et tu as fait un monstre… de moi aussi. tu aurais dû crever, il y a très longtemps.
Les chapitres sont courts , l’écriture est nerveuse, incisive, prenante. Les dialogues très nombreux renforcent ce sentiment de dynamisme et d’oppression. Les rebondissements sont fréquents, le mystère reste entier tout au long du livre, l’auteur distilllant bonnes et fausses pistes. Cela crée de nombreuses ramifications de l’enquête qui se densifie et devient de plus en plus complexe. C’est réellement haletant et nous tient en haleine jusqu’au bout. Surtout que l’auteur prend un malin plaisir à terminer ses chapitres par une situation inattendue, un rebondissement, une information à vérifier, une question… Il est impossible de lâcher ce livre, ni d’oublier ce qu’on lit: on se pose des questions, on frissonne, on vit les mêmes aventures que les deux personnages principaux!
La structure du livre renforce également ce côté glacial et terrifiant. L’auteur fait précéder chaque partie principale d’un AVANT (ce qui fait 8 parties au final). Ecrit en italique, on comprend au fur et à mesure qu’elles ont un lien avec l’intrigue principale.
En somme, tous les ingrédients sont là et la magie opère. C’est un sans faute, un vrai coup de poing!
Dernière surprise de Sandrone Dazieri: l’épilogue! Et les deux dernières phrases…. très frustrantes pour le lecteur!!
Je pense que vous l’avez senti tout au long de ces quelques lignes, je suis conquis par la Bête Noire qui nous offre ce formidable thriller. Un immense bravo à Sandrone Dazieri pour ce scénario aussi intelligent, glaçant, addictif qu’implacable… Et à très très vite pour la suite! Car oui ce livre parfait ne pouvait se terminer ainsi. L’auteur m’a confirmé ce soir qu’il était en train d’écrire une suite. Je suis vraiment impatient de la lire, cher Sandrone!.
Je vous conseille très vivement la lecture de Tu tueras le père.
5/5 COUP DE COEUR!
Je ne connaissais pas du tout ce livre et cet auteur mais ton enthousiasme m’a obligé à le mettre dans ma PAL!
Je ne connaissais pas non plus à la base. Je pense que tu ne seras pas déçu. Je ne raterai pas ta future chronique 😉
Je suis entrain de lire et vous commentez tres bien ce que je ressens pour ce livre. Je ne connaissais pas cet ecrivain et si il y a une suite je serai presente pour le lire. Je me suis attachee aux personnages.
Merci 😉 Bonne continuation. Vous n’avez pas fini d’être surprise…
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