La famille Martin est le dernier fruit de l’imagination de David Foenkinos paru aux éditions Gallimard mi-octobre. Ce nouveau roman est la réponse originale de l’auteur au syndrome de la page blanche, si crainte, si redoutée de tout écrivain.
Un titre standard, un sujet somme toute banal… alors, que vaut La famille Martin ? Un top ou un flop ? L’angoisse de l’auteur est-elle vaincue ? Je pense que je ne vais pas avoir que des « copains » avec cette recension 😉
Le confident
La famille Martin, c’est Madeleine, sa fille aînée Valérie et son gendre Patrick, Lola et Jérémie, ses deux petits-enfants. Si l’auteur jette son dévolu sur la vieille femme, c’est bel et bien Valérie qui peu à peu s’impose et impose les thèmes.
Le narrateur est très rapidement adopté par la famille. Bienveillant, optimiste, discret et curieux, est-il pour autant neutre ? Se contente-t-il d’écouter et de relater fidèlement ? Ou sa présence contribue-t-elle à modifier le cours routinier de la vie de cette famille française ?
Je ne spolierai pas, je vous laisse découvrir. Vous voyagerez, vous dînerez, vous réfléchirez, peut-être vous vous énerverez ou à l’inverse vous gosserez. Qui sait…?
Des questions existentielles
Si l’intrigue ne casse pas trois pattes à un canard, La famille Martin n’est pourtant pas dénuée de tout intérêt. David Foenkinos interroge sur notre époque.
S’il y a beaucoup à dire sur cette dernière, l’auteur avance le rôle de la télévision sur l’éducation de nos adolescents, le champ lexical de la crise perpétuelle pour mieux expliquer nos sentiments ou la fatalité pour illustrer la banalisation de nos conversations. Ah l’amour aujourd’hui… que de changements par rapport à celui de nos aïeuls…
Le personnage de Patrick permet aussi de traiter la question du harcèlement et du stress au travail, autre thème central du livre.
Pour nourrir la réflexion, l’auteur alterne sérieux et ironie, optimisme et ridicule. Une belle réussite !
Une comédie sympathique
La famille Martin est une comédie sympathique. Fictive, purement ou partiellement (est-ce important ?) et pour autant si réaliste, l’intrigue parle à tous. Surfant sur le commun, David Foenkinos ne fait qu’effleurer le vide et jamais n’ennuie son lecteur. A l’inverse, pour celle ou celui qui le souhaite, David incite tout un chacun à s’interroger. Il assène en effet quelques réflexions acerbes. Je ne peux qu’avoir apprécié son commentaire sur les programmes télé ou ses mots sur la solitude de chacun.
Les phrases sont fluides, le style grand public. On est proche du page turner, on dévore les chapitres le sourire aux lèvres le plus souvent. Avec subtilité et espièglerie, troquant les ballerines pour les gros sabots, il est un confident hors pair et dresse de très attachants portraits de ses personnages. C’est frais, c’est emballant, c’est bien écrit !
Ni un top, ni un navet. Rien de très excitant et néanmoins rien de lassant ou ennuyeux, telle serait la synthèse conclusive de ma chronique. La famille Martin n’est pas un chef d’œuvre littéraire mais n’est pas non plus un roman de gare. David Foenkinos nous divertit agréablement avec une intrigue simple qui fait du bien en ces temps incertains. Il incite également à s’interroger sur notre époque avec ses multiples travers (les médias et plus particulièrement le côté voyeur de la télévision, l’amour et la disparition des sentiments, les dépressions et les crises, la routine, …)
J’ai passé un bon moment et je n’en attendais pas davantage. Il faut prendre La Famille Martin pour ce qu’il est. Promesse respectée, contrat honoré, je ne suis par conséquent pas déçu.
La famille Martin, un roman feel-good bien écrit qui se lit vite et permet de s’évader sans prise de tête.
Un dernier mot : non David, le bonheur intéresse, il m’intéresse mais qu’est-ce être heureux ? Qu’est-ce que réussir sa vie ? Le thème de ton prochain ouvrage ?
3,5/5
J’aime bien ce qu’il fait, le bougre. Je tenterai sans doute si je croise le livre. Des bises en passant Benoit 😉