Promesse, 6ème enquête du département V est le millésime 2016 de Jussi Adler-Olsen. Je l’attendais avec impatience tant j’apprécie ce trio aussi infernal, complémentaire qu’atypique constitué du flegmatique vice-commissaire Carl Morck et de ses deux assistants: le mystérieux Assad et l’excentrique Rose. Le titre de cet opus est-il prémonitoire?
[…] elle sut que ses pleurs ne serviraient à rien et que ses larmes seraient versées en vain. La vie faisait ce qu’elle voulait et on n’avait d’autre choix que de laisser faire le destin, aussi cruel soit-il. Il ne lui fallut qu’un instant pour parvenir à cette conclusion.
Je remercie Aurore et les éditions Albin Michel pour cette lecture.
C’est donc avec gourmandise que je me suis attaqué à ce gros pavé de 650 pages. On retrouve d’ailleurs la structure habituelle de l’auteur: un prologue, une cinquantaine de chapitres assez courts (53 en l’occurrence ici) et un épilogue qui conclut définitivement l’enquête. Aucune surprise la dessus.
L’intrigue? Cette fois, nos amis vont enquêter sur l’ile danoise de Bornholm à l’initiative de Rose, très active dans cet opus. Un inspecteur de la police locale, Christian Habersaat, prend contact avec le département V pour qu’il prenne la suite de son enquête à propos de la mort d’une jeune fille, Alberte, dans les années 1990. Son suicide (il se tire une balle dans la tête lors de sa cérémonie de départ à la retraite) lance dans l’aventure nos trois comparses.
La transcription ne comportait que deux phrases mais elles suffirent à plomber l’ambiance du bureau pour le restant de la journée: Le département V était mon ultime espoir. Je n’en peux plus. C. Habersaat.
Le lecteur est plongé dans l’univers des sectes, des croyances ésotériques… Sujet traité sans pathos, ni clichés par Adler-Olsen. C’est très appréciable et réussi.
Pour pouvoir appréhender le surnaturel dans son ensemble, accepter tout ce qu’on ne comprend pas, il suffit de se soumettre à la seule chose dont on est sûr, c’est-à-dire que le soleil nous donne la vie, et la nature notre pain quotidien. Horus fut le premier dieu du Soleil, croire en lui répond au besoin instinctif de l’homme qui est de vénérer le soleil, de traiter la nature avec respect et d’en prendre soin. Nous ne le faisons pas suffisamment aujourd’hui, mais il est grand temps que nous nous y mettions.
Pourtant, j’ai trouvé l’histoire un cran en dessous des précédents opus. Plus complexe que noire, elle m’a un peu moins passionné. Il y a de plus des ressemblances avec les anciens (le flic qui se suicide, la tentative de meurtre sur Carl, …). Néanmoins, grâce à l’alternance des points de vue, aux multiples pistes explorées et aux nombreux rebondissements, on ne ressent aucune impression de longueur et on ne s’ennuie pas tout au long de ce gros pavé.
Frank Brennan était plus ambitieux. Il n’y avait pas de limite à sa soif de pouvoir. Il parlait de dissolution des religions existantes et de nouvelles voies pour l’humanité. Vous me direz que ça n’a rien de nouveau, mais contrairement aux autres, il était incroyablement organisé et déterminé dans la construction de son projet. Je pense qu’’il ne serait pas venu me consulter trois fois s’il n’avait pas eu une idée précise derrière la tête. Il rassemblait systématiquement tous les outils dont il pensait avoir besoin pour mettre son plan à exécution, et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. C’est pour cette raison que je n’ai pas souhaité continuer à travailler avec lui.
Ce que j’ai par contre particulièrement apprécié, c’est les flashbacks sur le passé (la tuerie de Amager, Hardy, …), les nouvelles révélations sur l’équipe (oui vous en apprendrez un petit peu plus sur Assad par exemple) et donc inévitablement de nombreuses nouvelles interrogations (que va devenir Gordon, le petit nouveau?). Il est vraiment très doué ce Jussi! Il distille quelques informations afin d’appâter son lecteur pour la suite. C’est totalement réussi me concernant mais que c’est frustrant de devoir attendre l’année prochaine…
Même si le livre est compréhensible sans problème par un lecteur novice (bravo à l’auteur: quelle finesse et quelle intelligence dans la construction!), je conseille de lire les précédentes enquêtes pour bien saisir toutes les subtilités.
Le rythme est lent (encore plus que dans les précédents opus), monte crescendo avant d’être effréné dans les derniers chapitres.
L’écriture est toujours aussi agréable et unique. Elle mêle humour, ironie, froideur, émotions. C’est vraiment un point fort de l’auteur. Comme souvent, on a le sourire aux lèvres et on enchaine les chapitres rapidement tellement c’est fluide. Saluons d’ailleurs ici l’excellent travail de traduction de Caroline Berg.
Je crois qu’il était homosexuel parce qu’il avait des tas de magazines sous son lit avec des hommes en pantalon très serré et des casquettes en cuir sur la tête. Et puis aussi à cause des posters de David Beckham sur les murs.
Le titre de l’opus est bien trouvé: Promesse est un bon millésime. Je vous le conseille! Quant à moi, je planifie déjà (J -364.?) les retrouvailles avec l’équipe l’année prochaine.
4/5
Promesse – Jussi Adler-Olsen (Traduction: Caroline Berg)
Albin Michel – 650 pages – Parution le 05/01/2016