Une étoile en enfer publié aux éditions du Cairn ces derniers jours est le dernier ouvrage de l’homme de télévision et écrivain Guy Rechenmann. Après Un ticket pour le paradis, un recueil de nouvelles, comme vous pouvez le voir sur la couverture qui ne laisse pas indifférent, le célèbre Flic de papier Anselme Viloc est de retour.
Je remercie Catherine et Guy pour leur confiance, ainsi que les éditions du Cairn pour l’envoi du livre.
Un polar atypique
Pour celles et ceux qui connaissent l’auteur, ils auront plaisir à retrouver Anselme Viloc et à découvrir une nouvelle facette de sa personnalité dans Une étoile en enfer, opus noir et pour le moins atypique. Ils n’auront aucune surprise sur l’aspect régional et rural de cette enquête. Ils apprécieront avec gourmandise et sourire aux lèvres les nouvelles aventures de notre Flic de papier.
Pour les autres, ne vous attendez pas à lire une enquête traditionnelle, loin s’en faut. Car Anselme Viloc dans son « bureau des rêves » n’est pas un enquêteur commun. Comment le définir ? Je le qualifierai de « Columbo des temps modernes » féru d’Histoire, épicurien et avec une imagination plus que fertile. Ce n’est pas Plaziat, son boss au commissariat de Castéja à Bordeaux, qui dira le contraire :
L’intrigue s’articule autour d’un naufrage dans le Bassin d’Arcachon, d’une disparition mystérieuse à Asnières et d’un célèbre éboulement en… 1248 au Mont-Granier. Les trois touchent particulièrement Anselme puisqu’il s’agit de la survie de sa femme, Sylvia, de la nièce d’anciens voisins et d’un lien historique avec ses origines savoyardes…
Un subtile équilibre entre le passé et le présent
Dans Une étoile en enfer, le lecteur voyage tout au long de l’enquête du Bassin à la région parisienne en passant par la Savoie, entre passé et présent. En effet, Anselme est persuadé (Anselme ne serait pas Anselme sans ses fameuses intuitions), que la disparition de la nièce et les assassinats perpétrées sur certaines jeunes filles avant l’éboulement du Mont-Granier durant le Moyen-Age ont un lien. Il va donc étudier le récit de Gislain Pelletier, seul rescapé de ce drame.
Guy Rechenmann fait de nombreux allers-retours au fil des pages alternant ainsi entre le drame médiéval et enquête conventionnelle. Cette incursion historique est très documentée, passionnante à lire et donne envie au lecteur d’aller encore plus loin. L’auteur maîtrise de plus parfaitement la trame de son opus. En effet tout s’imbrique « de manière naturelle », ce qui est aussi surprenant qu’inattendu.
Une lecture agréable
Si les thèmes sont durs, noirs et plutôt complexes, Une étoile en enfer est une lecture captivante.
L’écriture est simple et efficace. D’aucuns reprocheront son côté populaire et l’utilisation de clichés, d’autres s’arrêteront sur la poésie et la qualité des descriptions. Pour ma part, j’ai apprécié cette « simplicité d’apparence » relevant un style bien plus profond qu’il ne semble le laisser transparaître au premier regard. J’ai également noté dans ce langage de tous les jours beaucoup d’humour et d’ironie.
Enfin, l’évocation de Lili, toujours aussi rayonnante et stimulante pour Anselme, les nombreuses évocations du Bassin d’Arcachon, les intermèdes musicaux (Lockwood) ou littéraires (Victor Hugo), le détail des plats gastronomiques ou l’indispensable Gédéon « ronronnant à déranger un moine » sont autant d’étoiles contribuant à rendre le récit réellement plaisant.
Une étoile en enfer est un polar atypique qui ne plaira pas à tout le monde mais qui n’étonnera pas les connaisseurs. Fidèle à lui-même, Guy Rechenmann nous offre une enquête intéressante dans tous les domaines. Une nouvelle belle réussite pour son Flic de papier.
Captivé de bout en bout, je ne peux que vous recommander Une étoile en enfer et attends désormais avec impatience le suivant.
4/5