Cette année encore, j’ai participé au Match de la rentrée littéraire #MRL18 Rakuten. Je remercie Alexandra, Rakuten France ainsi que les éditions Albin Michel pour cette belle opportunité.
Mon choix s’est porté sur Concours pour le Paradis de Clélia Renucci. Pourquoi ? Parce que je garde un excellent souvenir de mon voyage à Venise hors saison, mais également car je suis fan d’Histoire. Alors forcément, quand le sujet de l’art et de la peinture durant la Renaissance en particulier, dans une belle ville au XVIème siècle est proposé, je ne peux que m’y ruer dessus.
J’ai de plus lu cet opus sous le soleil et la tranquillité de la Martinique durant une petite semaine de break aussi nécessaire qu’appréciée.
Tout était dévasté, consumé, calciné. C’est de cet enfer qu’allait renaître le Paradis […]
L’auteur romance un fait réel, plutôt méconnu : suite à un incendie au Palais des Doges en 1577, un concours est organisé afin de repeindre Le Paradis, une immense toile de plus de 20m de long sur 7m de large. Elle nous propose de suivre le processus de création qui dura de très longues années.
Nous avons eu l’audace de penser qu’à vous deux, vous réaliseriez la toile la plus spectaculaire que Venise ait jamais connue. Qui plus est, à deux, ce qui enverra un message fort à nos compatriotes : l’individualisme, le despotisme, sont à proscrire.
Elle nous décrit avec brio la compétition entre chaque interlocuteur avec coups bas, trahisons, conflits d’intérêts, corruptions… J’en passe et des meilleures. Pas si éloigné finalement de ce que l’on connait aujourd’hui… Les époques passent mais rien ou peu ne change…
Tous les coups sont permis ! Tintoret et son fils Domenico, Véronèse entre autres font tout pour arriver à leurs fins. Leurs jalousies dépassent réellement l’entendement par moment. J’ai énormément apprécié tout ce contenu, surement obtenu par de minutieuses recherches et parfaitement orchestré dans le roman.
Le style est sobre mais il donne envie d’en savoir davantage. Il sait piquer la curiosité du lecteur et stimuler son envie d’ouvrir des encyclopédies. Il permet une lecture rapide, plutôt dynamique ce qui nous permet de dévorer les pages tout en notant les recherches à faire ultérieurement.
Toutes les fois où je me suis retrouvé dans cette situation, (la toile plus grande que le panneau sur lequel elle doit être posée) et Dieu sait si elles ont été nombreuses j’ai toujours décidé d’ôter du ciel , c est toujours moins grave de supprimer des êtres supérieurs que de trancher la tête des pauvres.
L’écriture est plutôt simple. Je la qualifierai d’académique plus que de littéraire. Pas de grandes envolées lyriques, pas de difficultés particulières. Peut-être le petit regret en tournant la dernière page. Néanmoins, elle dépeint bien le caractère des différents personnages qu’elle sait rendre attachants, énervants ou détestables. Je pense par exemple au fait que certain préfère faire la fête et laisser le travail à des « seconds rôles » pour mieux endosser l’éventuelle gloire ensuite. Elle nous fait également voyager en nous immergeant dans cette ambiance festive de cette ville si riche et si belle.
C’est le paradoxe des hommes de la Renaissance que d’être à la fois coureurs et croyants, amateurs de parties fines et de messes somptueuses, celebrant le vice d’un satyr et représentant le jour même une Vierge en grâce. En somme, cyniques et obéissants, grandioses et grotesques, libres et respectueux.
Qu’en retenir ? Que c’est un premier roman vraiment prometteur. Ce qui peut paraitre banal est passionnant, ce qui peut paraitre inabordable car abstrait est décrit avec talent. Si vous aimez l’Histoire, la Renaissance, Venise et les peintres, je ne peux que vous encourager à vous procurer l’œuvre. Je doute que vous soyez déçus.
Pour ma part, vous l’aurez compris, je ressors enchanté et plus riche intellectuellement. Très agréable moment passé en la compagnie de Clélia Renucci. Je recommande et suivrai attentivement l’auteur dans le futur.
4/5