De quelques amoureux des livres – Philippe Claudel

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« De quelques amoureux des livres » en version courte, ou « De quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, orgueil, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet & entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures, vulnérables & chagrine » en version longue, est un formidable récit de Philippe Claudel publié aux éditions Finitude. Je l’ai découvert à l’émission La Grande Librairie et me le suis rapidement procuré. Je confirme et valide sans problème tout le bien entendu lors de l’émission.

Il y eut ainsi, depuis des siècles, vivant dans une opaque et insoupçonnable solitude, des créatures qui pensaient que ce qui sourdait de leur cerveau et se traduisait en un assemblage de mots pouvait à l’humanité servir. La consoler, l’émouvoir, l’éclairer.

Au travers de diverses petites anecdotes, Philippe Claudel passe en revue une litanie d’écrivains en devenir. A l’instar du titre du livre (peut-on encore parler de titre d’ailleurs vu la longueur de ce dernier), cela sort de l’ordinaire. C’est certes un récit atypique mais c’est surtout un récit agréable et plaisant.

On regrette qu’il ne contienne que 120 minuscules pages tant tourner ces dernières est un pur bonheur pour le lecteur. D’une phrase à un petit peu plus d’une page, chaque micro-histoire est différente. Maniant souvent ironie et humour noir, alternant réflexion, philosophie, tendresse, tristesse (la thématique de la mort ou du suicide est assez récurrente), violence, amour,…, Philippe Claudel nous fait rire, nous peine ou nous fait réfléchir.

& cette lectrice qui ne faisait l’amour qu’avec des écrivains dans l’espoir d’accoucher d’un livre. Elle ne réussit qu’à tomber enceinte de jumeaux dont elle préféra avorter car elle ne voulait pas courir de risques, ne sachant plus très bien si leur père était un poète alcoolique ou un auteur de romans d’épouvante.

Mais qui se cache derrière cet auteur? Je me suis souvent posé la question… Preuve que le pari de Philippe Claudel est parfaitement réussi.

& cet homme qui décrétait qu’un bon romancier ne peut avoir moins de 40 ans et qui mourut d’un accident vasculaire cérébral à 38 alors qu’il venait de se mettre à la tâche.

Je n’oublie pas non plus l’introduction et la conclusion de cet opus: une écriture littéraire très belle, très riche, aux phrases longues et aux mots recherchés. Du grand art!

Quant à moi, je vais mon chemin, hésitant toujours à poursuivre le fil des récits, qui sont mes amis chers et sans visage. Je ne suis rien qu’un faiseur de fumée, et je ne vis qu’un peu, qu’un tout petit peu, non pas par moi-même, mais dans l’âme de celles et ceux qui me donnent leur amour et leur estime.

Je ne peux que vous conseiller « De quelques amoureux des livres ». Il vous réconciliera assurément avec la littérature tout en vous prenant seulement une petite heure de votre temps.

4/5

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