Garde corps – Virginie Martin

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garde-corps

Garde-corps est le premier roman de Virginie Martin paru lors de la rentrée littéraire de Septembre 2016 aux éditions Lemieux. Il fait partie de la sélection des 68 premières fois.

Je remercie nos fées Charlotte, Eglantine, Nicole et Sabine, ainsi que les éditions Lemieux pour cette lecture.

« Le jeu du pouvoir n’est pas du tout un jeu, c ‘est une guerre. Moi, ma guerre à moi, elle est ailleurs, elle est juste entre moi et moi. « 

Le sujet de cet opus ne pouvait que m’intéresser: la politique, et plus particulièrement le sexisme dans celle-ci. Comme vous pouvez le voir dès cette première citation, le ton est direct, les mots sont durs, les phrases sont tranchantes. C’est même violent. On prend d’emblée une énorme claque en pleine face en lisant les premiers mots et les premières lignes de cet ouvrage.

Gabrielle, l’héroïne a été violée durant son adolescence et à partir de là, est rentrée « en résistance ». Elle souffre et cette souffrance est parfaitement décrite dans tout ce qui suit.

« Et puis, tard dans la nuit, j’ai bossé une dissert de philo. Une fois terminée, elle faisait, comme on disait, cinq feuilles doubles: ce n’est pas au poids Gabrielle! m’avait dit mon prof. Pour moi, bien sûr que c’était au poids, il fallait bien que je remplisse cette solitude. « 

Devenue Ministre de la République, elle tient sa revanche. Finie l’innocence de l’adolescence, bonjour la carapace d’une femme blessée qui sait se protéger et se faire respecter « autant que faire se peut ». Gabrielle a su se construire tant bien que mal, use et abuse de l’attaque pour se défendre, ne se laisse plus marcher sur les pieds tout en affichant clairement son ambition. C’est là aussi sa vengeance… Je vous laisse découvrir.

« Les questions fusent, je suis bonne dans l’adversité. J’excelle et je le sais. Je ne le montre pas trop, histoire de ne pas agacer. Mais j’excelle. Je le sais ». 

Ironie de l’histoire, elle est ministre du travail (un clin d’œil à l’actualité?) et elle aura pour chauffeur son propre violeur…

« Plus tard, je rejoins Patrick. Ce chauffeur-violeur-de-petite-fille. Je sais que j’ai réussi mes combats en partie grâce à des monstres comme lui. C’est toute l’ironie de l’histoire. Moi, je suis en train d’y rentrer dans l’Histoire ».

C’est bien écrit, c’est rythmé, haletant, intense à l’instar des journées d’une Ministre. C’est captivant: la place de la femme dans le monde politique est si bien narrée. On prend parfois fait et cause pour elle face aux situations qu’elle subit et aux difficultés qu’elle traverse, parfois non (difficile souvent de rentrer en empathie avec l’héroïne, j’y reviendrai par la suite).

« On l’a sillonnée cette France des campagnes, des espaces verts et des vaches. On les a vus ces gens chauffés à blanc essayant de trouver un peu d’espoir dans nos mots. Un meeting politique, c’est un comme un match OM-PSG: de l’émotion pure, de la ferveur, de la sueur, des muscles fatigués, des cordes vocales abîmées.Pour nous, c’est tous les soirs un nouveau match. Un match qu’il faut absolument remporter. »

C’est en résumé un récit sans concession où passé et présent alternent dans de courts chapitres.

Mais voila… était-ce vraiment comme cela qu’il fallait s’y prendre pour donner du crédit au fond? Etait-ce la forme appropriée?

Pour certains, la réponse est clairement oui car justement en étant crue, dure, violente, cynique, provocante voire souvent vulgaire, l’auteure exprime la rudesse et la dureté du monde machiste politique. Est-ce pour autant réaliste? Certainement en partie car on s’aperçoit très rapidement que Virginie Martin sait de quoi elle parle. Elle semble même très bien renseignée.

« Je me souviendrai longtemps de cette formule qui m’avait impressionnée à l’ENA, une façon de dire les choses qui vous propulsait parmi les puissants: Autant que faire se peut. C’était LE sésame. J’étais béate d’admiration »

Pour ma part, la réponse est clairement non: la forme adoptée dessert clairement le fond. Elle laissera sur le bord du chemin quantité de lecteurs qui n’approuveront pas. Elle ne permet pas d’aborder les sujets profondément, ce qui est dommage. Le sujet n’est pas novateur, son traitement avec cette forme apparaît du coup fade, voire parfois banal. Cela manque pour moi de finesse et de subtilité… et m’a souvent laissé indifférent à ma grande surprise et à mon grand malheur…

« Je n’ai rien gardé de mes vies passées, quasiment rien. De toute façon, ici, dans ce bel appartement, je ne suis même pas chez moi. Un remaniement, et hop, je me retrouve dans un mini trois-pièces dans l’est parisien. Ancienne ministre, c’est un peu comme ancienne miss, ancien footballeur… Faut vraiment savoir se recaser »

Que conclure? Vous l’avez deviné mon sentiment est mitigé. Je suis clairement déçu par cet ouvrage même si je lui reconnais de beaux atouts et qu’il se lit vite. Je ne l’ai pas lâché je le reconnais.

Cela reste un premier roman, c’est donc prometteur mais perfectible. Bien mais peut mieux faire en somme! Cela reste une belle claque qui malheureusement un mois après ne laisse que peu de traces… Il attisera en tout cas discussions et polémiques j’en suis certain.

Je suivrai cette auteure qui a du potentiel. Et vous recommande la lecture de cet ouvrage si vous aimez les approches directes, le parler cru et le monde de la politique.

3/5

Quelques avis des copines des 68 premières fois: Nicole, Nath, Joelle, Anne

2 Commentaires

  1. Dans chaque histoire romancée, il existe une part de vérité, là c’est gros comme une vache dans un couloir, à se demander qu’il est bon d’avoir le statut de victime à vie, après avoir fait tout aussi pire et à un plus grand nombre de personne, une narcisse manipulatrice pleurant sur son sort, c’est pathétique et propre au roman néo-bourgeois ou de la pauvre petite fille de riche que papa a négligé. Cela pète dans la soie, mais au final cela sent aussi mauvais que tout le monde, voire pire, si l’on devine le pervers de la chose. Comme ce livre que je ne veux pas lire, nécessite d’avoir les mains sales plus l’envie de vomir, fuyons cette fumeuse lecture. Pour le littéraire de la chose, ce que j’ai lu est d’une médiocrité rare, Me Martin a su trouver un âne comme éditeur, pour son image, son reflet… est sauf et couvre la une ! « Miroir dis moi que je suis la plus belle… » : Pas vraiment et même plus vraiment fraiche pour faire les couvertures des textiles Damart. Bonne à pinailler avec les rombières du Figaro sur BeauFM TV.

    • Bonjour, Votre commentaire est excessif, qui plus est anonyme. Je l’approuve par souci de pluralité mais je désapprouve le fond et la forme. Ayez l’audace de le signer au moins… Merci et bonne journée

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