Felis Silvestris est le premier roman de Anouk Lejczyk paru en ce début d’année 2022 aux éditions du _Panseur. Il est ma deuxième lecture de la nouvelle saison des 68 premières fois. J’avais eu la chance de découvrir cette maison d’édition avec L’homme qui n’aimait plus les chats d’Isabelle Aupy que j’avais beaucoup apprécié. J’étais aussi curieux qu’heureux de la retrouver.
Je ne saurais vous expliquer exactement pourquoi j’ai apprécié cette lecture, moi l’esprit rationnel et cartésien tant l’histoire est atypique et part un peu dans tous les sens. Je vais néanmoins essayer de vous convaincre que ce livre mérite d’être découvert et lu.
Je remercie nos fées pour cette sélection ainsi que les éditions du _Panseur pour avoir osé publier cette œuvre.
Écologique
Une première raison ? Peut-être parce que le sujet gravite autour de la forêt et que je l’ai imaginée ou assimilée à ma chère forêt des Landes. Comme le père, j’ai eu affaire aux tiques lors de mes balades mais heureusement j’ai échappé à la maladie de Lyme. Comme « la sœur chimère », j’aime passer du temps dans les pins pour la quiétude du lieu, l’écosystème, la beauté de la faune et de la flore. Comme elle, je suis un fervent défenseur de ce poumon écologique si nécessaire et vital aujourd’hui.
Felis silvestris signifie chat sauvage. Comme ce dernier qui aime se perdre et errer, ta sœur a imaginé ta vie dans les bois avec tous ceux qui vouent leur vie à défendre ces lieux sacrés contre l’exploitation humaine. La fierté de ta sœur se ressent fortement au fil des lignes sous la plume délicate d’Anouk Lejczyk.
Fierté et tendresse.
Allez au bout de ses envies
Une deuxième raison ? Peut-être parce que ce plaidoyer sensible et poétique pour aller au bout de ses envies, lutte contre « plus gros et plus fort » que soi m’a parlé. « Suspendue aux branches » et pour autant les pieds sur terre. Anouk Lejczyk nous interpelle. Elle nous force à une introspection, une intense réflexion sur les choix d’une vie qui pousse ensuite à passer à l’action. Être toujours en perpétuel mouvement avec la volonté d’aller de l’avant. Ne rien regretter sans pour autant faire n’importe quoi.
La forêt est omniprésente tout au long du roman. Le lecteur s’immerge complètement dans cet univers, dans ce cocon naturel. Il s’identifie ainsi aux « combats », aux thématiques traitées tant le style d’Anouk Lejczyk est puissant. Les mots sont forts et méticuleusement choisis. Là encore, on ne peut que comprendre ta sœur qui au travers de ton histoire évolue. Que ce « natural writing » est agréable !
Sensible et évocateur.
(D)étonnant et atypique
Peut-être enfin parce que ce traitement des solitudes selon différents points de vues et abordés par conséquent selon les lubies, manques, incompréhensions, interprétations de chaque membre de la famille est parfaitement maîtrisé. Anouk Lejczyk aborde les manques et les interrogations d’une mère, les côtés « complotistes » voire bornés et « jusqu’au-boutiste » du père avec sa maladie de Lyme notamment, les analyses et tentatives d’interprétation de la sœur qui passe par toutes les sensations.
Je me suis laissé séduire, j’ai accompagné chaque personnage dans les différents courts chapitres. J’ai ressenti beaucoup d’émotion et ne me suis jamais ennuyé. Le rythme est soutenu, le lecteur happé et maintenu en haleine. La douceur de l’écriture d’Anouk Lejczyk fait mouche, tout comme son choix assumé de questionnements au début ou à la fin de chaque épisode « Et ta sœur, elle en est où, elle fait quoi? »
Mélancolique et intimiste.
Atypique, écologique, (d)étonnant, brillant ! Telle sera ma conclusion en refermant Felis Silvestris d’Anouk Lejczyk. Ce premier roman est puissant, ce premier roman est spécial et ce premier roman est surtout une vraie réussite. Je remercie vivement les éditions du _Panseur de nous avoir offert ces mots.
Je ne manquerai pas les prochains textes et suivrai Anouk Lejczyk dans l’avenir.
Je ne peux que vous recommander cet opus.
4/5