La neige noire – Paul Lynch

5

Laneigenoire

Dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2015, j’ai eu la chance de lire « La neige noire » de Paul Lynch. Je remercie infiniment Lecteurs.com ainsi que les éditions Albin Michel pour cette avant-première.

C’est un coup de cœur ! 300 pages de pur bonheur qui m’ont totalement conquis.

Barnabas Kane est de retour en Irlande avec sa femme Eskra et leur fils Billy après avoir réussi aux Etats Unis (New York plus précisément). Il retrouve le Dornegal en 1945 et s’installe dans une ferme. L’incendie de cette dernière avec la mort accidentelle de leur employé Matthew Peoples et de la totalité de leur cheptel de vaches va être le début de la descente aux enfers pour le couple. Barnabas est entrainé dans une spirale négative infernale: problème d’argent, problème de couple, problème avec le voisinage qui rejette « ces gens pas d’ici », problème avec son fils, … Pour avoir réussi ailleurs, Barnabas est honni et le voisinage « se venge ».

Au travers de quatre parties, Paul Lynch nous envoute par ses descriptions lyriques et très visuelles, nous fait plonger dans cet univers de la terre. Car oui, l’intrigue est certes la trame du roman mais elle est secondaire. Le gros point fort réside dans l’écriture : elle est très riche, musicale, parfois âpre et poignante, souvent hypnotique et poétique. Si dans les premières pages l’auteur s’intéresse davantage à l’environnement qu’aux hommes – Il privilégie avec talent la description des odeurs, des bruits, de l’environnement extérieur, ce qui empêche le lecteur d’entrer dans la tête de Barnabas et de ressentir de l’empathie,

Il y a eu un frémissement de poussière noirâtre, une terrible grenaille d’ambre a fusé dans le ciel et s’est consumée en une neige noire

mais lui permet de prendre la place des personnages à l’intérieur de la ferme – la suite est bien différente. L’émotion, la mélancolie, la détresse sont magistralement dépeintes.

« Seul le préoccupe le mouvement de ses pensées, ce nœud qu’il tâche de défaire, ce long fil rattaché à sa colère assoupie. »

C’est brillant, mais dur et émouvant.

« Ce qu’il perçoit dans ce regard, il le reverra le lendemain aussi nettement que s’il avait son portrait sous les yeux, sa silhouette inclinée sur le seuil, à moitié retournée, éclairée par une lumière grise et ténue qui rendait son visage livide et ternissait l’éclat de ses yeux, leur bleu chargé à présent d’une si grande tristesse qu’il se dira plus tard qu’il contenait plus que du chagrin et de la souffrance, qu’il s’y condensait presque toute la tristesse et la douleur du monde, telles qu’une femme peut les exprimer ».

La fadeur de certaines descriptions (l’auteur en use et abuse, ce qui énervera et lassera surement certains lecteurs) est contrebalancée par la justesse de l’alternance des points de vue qui force entre autre le lecteur à s’interroger.

Le style fiévreux et combatif du père qui ne lâche rien, celui plus jeune et vulgaire, plus moderne du fils (les mots et expressions sont subtilement choisis), et enfin celui triste, interrogatif et empreint d’amour de la mère, hissent « La neige noire » au sommet. Le talent de Paul Lynch est indéniable et augure d’un très bel avenir pour cet auteur (je vais d’ailleurs m’empresser de dévorer son premier roman que j’avais laissé passer).

Si la première partie m’a fait douter (phrases longues et désordonnées, manquant de fluidité et rendant la lecture difficile), si les dialogues sont inclus à l’intérieur du texte sans distinction, ce qui est perturbant, je ne regrette absolument pas d’avoir persisté dans ma lecture. « La neige noire » se dévore littéralement et on ressent un certain vide en refermant la dernière page et par conséquent en clôturant ce beau voyage.

Je ne peux que vous conseiller une nouvelle fois ce roman tout en rebondissements de Paul Lynch : vous en ressortirez je l’espère aussi conquis que moi.

5/5

Challenge1%rentree

5 Commentaires

  1. Comme j’avais dévoré son premier roman j’étais pressée de lire celui-ci et j’avoue que moi aussi j’ai eu du mal au début, mais après ça passe et cet auteur à un style d’écriture absolument fantastique !!! J’attends beaucoup de ses prochains romans 😉

  2. Tu avais raison. C’est un livre absolument merveilleux. Mais bizarrement, je suis passée complètement à côté de l’histoire pour ne m’attacher qu’à l’écriture, absolument somptueuse (voir ma chronique sur lecteurs). Conclusion : il faut que je le relise.

  3. J’ai lu la chronique et effectivement on a un ressenti assez similaire. Comme je l’ai écrit, l’intrigue est secondaire mais je comprends que tu veuilles le relire. Tu me diras si tu as tout compris à l’histoire comme ca. Bonne relecture 🙂

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici