Mademoiselle à la folie – Pascale Lécosse

4

Mademoiselle à la folie

Et c’est partie pour la rentrée littéraire 2017. J’ai choisi de vous parler d’un premier roman pour débuter mes billets. Il s’agit de Mademoiselle à la folie  de Pascale Lécosse que j’ai eu la chance de lire en avant-première dans le cadre du jury du roman Fnac au mois de Juin.

Je remercie les éditions de la Martinière et la Fnac pour cet envoi.

 « Je ne crois pas au destin, ce que je veux, je le prends. J’ai depuis toujours le goût de l’effort, du travail, sans lesquels le talent ne suffit pas. L’échec me fait horreur et je suis loin de penser, comme certains, que c’est un mal nécessaire. C’est un mal, point. Que je me sus efforcée d’éviter tout au long de ma vie. Je n’ai pas peur du temps qui passe mais du temps perdu. »

Catherine Delcourt est une comédienne connue et reconnue. Au sommet de son art, elle côtoie « la haute », est aussi admirée que fantasque. Le champagne coule à flot, elle aime profiter de la vie. Deux personnages lui sont indissociables : Son ministre Jean, marié, mais éternel amant ; et Mina, à la fois assistante, confidente, meilleure amie et qui va devenir sa plus grande protectrice. Deux personnages aux rôles complémentaires, aux réactions opposées mais indispensables à Catherine.

« En quoi pourrions-nous être comparables ? En rien, je pense. Il exhibe Catherine quand je la protège des regards envieux. Il s’étonne de ses t roubles quand je m’en inquiète. Il l’applaudit aux premières quand je l’encourage aux répétitions. Il est là-bas quand elle est ici, il est ses nuits blanches, je suis ses nuits d’encre. »

Et pourtant un jour, tout s’enraye.  La maladie fait son apparition… Catherine sombre dans la folie… Mina veille, Mina protège, Mina deviendra essentielle…

Il est compliqué de parler de ce roman sans tout déflorer. Il est court, aux chapitres concis alternant la narration et les dialogues. Et heureusement serais-je tenté de dire… car nos premiers moments avec Catherine furent compliqués pour moi. L’ambiance est souvent lourde, pesante et dérangeante pour le lecteur. J’ai été mal à l’aise dans les premières pages. La structure du roman m’a heureusement permis de respirer et garder la tête hors de l’eau.

Et puis petit à petit, avec cette superbe plume, j’ai complètement adhéré et accroché. J’ai vécu l’histoire de l’intérieur. Je me suis facilement identifié à Mina (mon passé y est certainement pour quelque chose avec papa…) et c’est davantage l’émotion, l’empathie qui ont prédominé. Mais jamais de pathos, jamais de compassion ou de « pleurnichages ».

« On ne sait jamais quand on voit quelqu’un pour la dernière fois, je voudrais retrouver notre vie d’avant, pour revivre à l’infini notre dernier moment d’insouciance et l’embaumer. C’était quand, déjà, notre dernière fois, celle où Catherine ne confondait ni les heures, ni les visages, ni les vivants avec les morts ? Je voudrais terrasser ses excès de colère pour faire renaître sa véritable nature son énergie. Je tuerais sa mélancolie toute nouvelle pour ressusciter sa joie de vivre. Si je le pouvais, je retiendrais pour elle le temps qui file et je l’enfermerais avant qu’il ne nous détruise. Je lui donnerais mes souvenirs en remplacement des siens. Mais la vérité, c’est que je ne peux rien, rien du tout. »

Si la lecture reste dure, elle devient fluide. Parler ainsi de la maladie qui occupe dorénavant le premier rôle, de ce soutien inconditionnel d’un proche auquel on s’attache contre vents et marées transforment les pages en une déclaration d’amour magnifique. Sensible, marquant, deux qualificatifs qui décrivent parfaitement cet ouvrage. Bouleversé, les nerfs à fleur de peau, les larmes proches ou coulant à flot résument quant à eux mon état.

« Son bel esprit vivra et si ses souvenirs s’envolent, nous en fabriquerons de nouveaux, que je graverai dans sa mémoire volatile. Je taguerai sur nos murs et sur le sol les repères nécessaires à son orientation et, au fur et à mesure que sa route s’effacera, je tracerai de nouvelles voies. Je répéterai, mille fois si besoin est, nos paroles et nos gestes pulvérisés. Je resterai éveillée, repoussant ma fatigue pour veiller sur ses courtes plages de repos. J’épongerai de mes larmes contenues ses chagrins, je la ramènerai de ses déserts. Je lui inventerai un avenir souriant pour apaiser ses colères et balayer ses cris. »

Je ne peux conclure sans mettre en exergue la beauté de l’écriture, le style lyrique et poétique, qui permettent d’aborder avec succès et originalité la maladie. Chapeau bas !

Mademoiselle à la folie ! est un très beau premier roman sensible, doux et si grave… Bien écrit, il vous captive jusqu’au bout et vous le refermez bouleversé. Une agréable découverte que je vous conseille, une auteur que je vous recommande de suivre. Ce que je ferai assurément me concernant.

4,5/5

L’avis de Mylène, tout aussi séduite que moi par cet émouvant récit.

Mademoiselle à la folie - Editions de la Martinière - 128 pages
Sortie le 17 Août 2017 - 14€

4 Commentaires

    • Je confirme qu’on a d’excellents premiers romans encore cette année. Certains sont d’ailleurs fabuleux de maturité je pense à un en particulier que je chroniquerai très prochainement 🙂

  1. c’est vrai qu’au départ c’est un peu dur de se lancer, on est un peu « perdus » comme peut l’être d’ailleurs Catherine mais l’histoire est belle et fait réfléchir à bien des niveaux !
    Bises (et on se voit à Gradignan 🙂 )

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici