C’est pas ma faute – Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon

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c'est pas ma faute - Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon

C’est pas ma faute est un thriller adolescent de Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon, publié il y a une semaine aux éditions Pocket Jeunesse.

Je remercie par la même occasion la maison d’édition ainsi que Lucile, Marion et Agnès pour leur confiance.

Une fois n’est pas coutume, j’élargis mon registre en vous proposant cette chronique sur un sujet très actuel. Je ne pouvais qu’être sensible à ce texte, comme je l’avais été il y a quelques mois sur celui de Stéphanie Dupays.

Il est en effet important que chacun, et en premier lieu nous parents d’ado, ait conscience des dangers et autres mirages des réseaux sociaux.

Le pitch ? Lolita est une adolescente à succès, une influenceuse réputée. Parmi ses nombreuses « suiveuses », sa plus grande fan se nomme Prudence. Quand Lolita disparaît brutalement des réseaux, Prudence panique et se lance à sa recherche.

Deux autrices

Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon, deux jeunes autrices au succès personnel avéré, abordent des sujets forts et très contemporains dans C’est pas ma faute aux éditions Pocket Jeunesse.

Samantha Bailly est née en 1988. Après l’obtention d’un Master en littérature comparée et d’un Master professionnel en édition, elle entame sa carrière dans le domaine du jeu vidéo pendant deux ans. Son premier roman, Oraisons, publié à l’âge de 19 ans reçoit le Prix Imaginaire des Lycéens. Très présente sur les réseaux sociaux, sa chaîne Youtube a dépassé les 22 500 abonnés. Elle est présidente de la Ligue des auteurs professionnels et ex-présidente de la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse.

Anne-Fleur Multon est née en 1993. Diplômé d’un Master en littérature comparée, elle connaît un fort succès chez Poulpe Fiction avec la série Allo Sorcières dont le premier tome, Viser la lune a été publié en 2017. Féministe et ouvertement lesbienne, elle est passionnée par l’univers de la radio. Elle est chroniqueuse et community manager à trENSmissions, la webradio de l’Ecole Normale Supérieure. Elle est membre de La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, une association qui vise à promouvoir la littérature jeunesse.

L’idée de ce roman est née à la suite d’une rencontre au Salon du Livre Paris. Il a l’objet d’une série de 9 Vlogs (vidéo blog) qui ont permis aux fans de suivre le process de création de celui-ci.

Un livre engagé

Force est de constater que nos enfants sont quasi systématiquement connectés. Ils consacrent un temps important aux réseaux sociaux comme le démontre cette étude. Mais en ont-ils les clés ? Sont-ils conscients des dangers ? Et nous adultes, parents, sommes-nous sensibles à ces derniers ?

S’il est positionné en lecture jeunesse à partir de 12 ans, je conseille à tous de lire C’est pas ma faute dans lequel sont traités les thèmes de harcèlement digital, dépendance, emprise, solitude, charge mentale, …

« C’est pas ma faute, tout ça. J’ai fait mon possible. Tout mon possible avec les ressources que j’avais. Pour survivre. J’ai tout donné, tout, pour m’en sortir, pour construire un truc qui ressemble à une vie. Et je suis toute seule avec ces souvenirs vivants, si vivants qu’ils me sautent à la gorge. C’est pas juste. C’est pas juste que je prenne tous les coups, que je ne puisse jamais me défendre, répondre. »

Le premier point fort de cet opus pour moi est l’absence de prise de position des deux jeunes femmes. Elles proposent et incitent chacun à se faire sa propre opinion. Elles ne tombent pas dans les clichés et autres condamnations gratuites.

Comme elles le reconnaissent dans une interview, « ce livre féministe cherche à apporter des solutions aux problèmes auxquels les jeunes vont être confrontés dans leur vie d’adulte ».

Les adolescents ne seront clairement pas dépaysés par la forme tant l’écriture est l’image de leur vocabulaire. C’est un autre point fort de cet ouvrage : un style simple mais cash, sans fard. Les deux autrices misent sur le choc des mots pour aborder les sujets sensibles, pour heurter les consciences et faire réagir face au racisme, aux préjugés et autres abus de faiblesses.

On s’identifie facilement à l’une ou l’autre héroïne.

YouTube, Instagram… mythes et réalités

D’aucuns pourraient considérer que les influenceurs sont les gourous des temps modernes avec leurs centaines de milliers d’abonnés et leurs millions de vues sur leur chaîne Youtube, leurs dizaines de milliers de « like » sur leurs publications Instagram. La tyrannie de l’image, le besoin de rester sur le podium, en haut de la vague sont autant de pressions mentales insoupçonnées.

« Je sais que certains rêvent de ça. D’être suivis par des centaines de milliers de personnes (sur les réseaux sociaux). D’avoir l’attention. De recevoir des centaines de messages par jour. Franchement, je vous le dis : y’a rien à voir, circulez. C’est dur. C’est violent. On ne s’appartient plus. Les gens se comportent avec vous comme si vous n’étiez pas un être humain. »

Tout cela est-il réel pour autant ?

Les bienfaits de l’amitié

Le dernier point que j’ai particulièrement aimé, c’est le recours aux valeurs traditionnelles d’entraide, de bienveillance, d’amitié, de solidarité et de sororité. Old School à l’heure du tout info et du 100% connecté ? Clairement non et je ne peux que remercier les deux autrices d’en montrer tous les bénéfices.

« Tout ça, je l’ai réalisé il n’y a pas si longtemps, grâce à une amie. Une abonnée, à la base. […] Ben oui Pru, c’est grâce à toi aussi, tout ça ! C’est grâce à toi que j’ai compris ce que c’était une véritable amitié. […] J’ai compris qu’être entouré de gens bienveillants, c’est important. De gens qui s’inquiètent pour vous, vraiment. Qui vous laissent pas tomber, même quand vous avez l’impression, vous de ne plus valoir grand-chose ».

La deuxième partie de C’est pas ma faute illustre à merveille l’expression « Seul on va vite, ensemble on va plus loin ». Âmes sensibles attention, la fin est émouvante.

Haletant et addictif, C’est pas ma faute est une belle réussite. Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon ont parfaitement atteint leur but tant elles sont convaincantes à la fois sur la forme et le fond.

J’ai beaucoup apprécié cette mise en avant des valeurs d’entraide et de solidarité, si décriées et pourtant si nécessaires. La période actuelle l’illustre parfaitement !

Bonne lecture à vous.

4/5

Et si vous souhaitez en savoir davantage, je vous invite à découvrir ce bel article.

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