Lors de la soirée de la remise du prix Gallimard en Janvier dernier, j’ai eu la chance de faire la connaissance de l’auteur via Bénédicte Junger (que je salue au passage. Allez visiter son blog, vous ne serez pas déçus). Et nous avons parlé de ce fameux livre…
Début Mars, juste avant mon anniversaire, Maud Simonnot m’a fait l’honneur de me l’envoyer dédicacé en avant-première.
Je la remercie infiniment ainsi que les éditions Gallimard pour cette lecture.
« Bob McAlmon. Combien savaient qu’il avait été au centre de tout. il avait toujours été là: avec Joyce et Sylvia Beach, avec Hemingway et Gertrude Stein, avec Brancusi et Noguchi, aec Pound et Antheil, Kay Boyle et Glassco…
Alors que le train s’ébranlait le long des champs de coton qui bordaient l’immense désert, Williams se souvint de cette phrase lancée par Bill Bird: « McAlmon, c’est le troisième angle de chaque triangle ». »
Mais qui est donc ce Robert McAlmon le magnifique comme le présente le bandeau du livre? Personnellement je ne le connaissais pas et en refermant la dernière page de ce superbe ouvrage, je me demande encore comment cela est-ce possible.
Dans un récit fouillé, sorte de biographie romancée, très documenté (quel travail titanesque surement abattu par l’écrivain) et si agréable à lire, on découvre la vie tumultueuse de cet homme si important pour son époque.
Pour McAlmon il était évident que ses livres se nourrissaient de son expérience au monde. Et il serait toujours fidèle à ses convictions, à ce qu’il était: un homme attentif aux autres, malgré les déceptions et les coups. »
Il fut en effet un des plus beaux visages de cette Génération Perdue des années 20. Brûlant la chandelle par les deux bouts, symbole de son temps où toutes les exagérations étaient de mises (alcool, drogue, tabac, bagarres, …), McAlmon était un homme de convictions. Il était flamboyant, inspirant, visionnaire… en un mot il vivait pour les autres et si peu pour lui. Car au final, les apparences sont trompeuses. Robert était seul, dramatiquement seul et oublié… Il en a d’ailleurs terriblement souffert.
« Callaghan ferait un portrait dithyrambique de lui dans That Summer in Paris: » Ma curiosité pour cet homme généreux était immense. Il avait soutenu tous les auteurs de talent, et qu’en avait-il tiré? Des moqueries et une hostilité ouverte. Et qu’avait-il fait de son argent? Il était devenu éditeur et avais dépensé l’argent pour d’autres personnes en qui il avait cru. Il était l’homme le plus admirable, exaspérant, dédaigneux, intéressant, insultant, insatisfait de son temps. J’aimais McAlmon. et peu importe ce que certains pensaient de lui, son jugement était très respecté. Si une personne de talent avait le moindre ennui, McAlmon l’aidait comme il pouvait. pour moi il fut d’une aide inestimable. »
McAlmon restera aussi l’éditeur au service des autres, celui qui œuvra sans compter pour celles et ceux auxquels il croyait. Il n’hésitera jamais à porter des textes laissés sur le bord du chemin par d’autres, quitte à mettre un mouchoir sur sa propre promotion et ses propres livres. Au service des autres… comme Hemingway!
Jalonné d’anecdotes, de références, fourmillant de citations de ceux qui l’ont côtoyé, cet opus m’a conquis. Il est servi par une écriture vive, émouvante, passionnante et captivante. Tout est juste: le ton, les descriptions restituant si bien le contexte et les lieux, la construction des différents chapitres, à la fois courts et argumentés, … On tourne les pages sans difficulté et on a envie de toujours en savoir davantage. Une très belle réussite!
Dans La nuit pour adresse, Maud Simonnot rend un magnifique hommage à Robert McAlmon. Vous saurez tout de sa vie, son rôle, ses convictions, ces travers… tout en vous promenant dans le Paris culturel des années 20.
Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Je ne peux que vous encourager à vous le procurer et à faire connaissance à la fois avec la plume du biographe et cet éditeur aussi généreux, dandy que fêlé.
4/5
[…] Elle a publie son premier livre, La nuit pour adresse chez Gallimard, le 16 mars dernier. Vous trouverez mon avis sur ce dernier ici. […]