Là où l’abîme s’ouvre à la lumière

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Hier soir, la maison s’est faite navire. Moi, passager secret de ses flots. Comme chaque semaine, j’ai retrouvé La Grande Librairie, cette fois-ci baignée d’eau, de sel, d’abîmes et de promesses. Autour de moi, la pénombre, et sur l’écran, des voix qui naviguent : Sylvain Tesson, Isabelle Autissier, Christophe Ono-dit-Biot, Laure Limongi, Simonetta Greggio, tous venus dire la mer, l’explorer, la rêver, la craindre et l’aimer.

Dans la bibliothèque liquide de l’émission, j’ai vu défiler mes propres trésors engloutis : Moby Dick, Vingt mille lieues sous les mers… et j’ai forcément pensé à Plonger. Des livres comme des épaves précieuses, gardiennes de tous mes naufrages, de toutes mes renaissances. 

Les mots résonnaient : « Les marins sont faits pour arriver quelque part », « Ce qu’on apprend de soi quand on s’en va », « Désobéir à ses parents en les aimant », « Naviguer pour peut-être sauver son âme ». S’enfuir pour se retrouver, pour vivre, ou pour s’évanouir à jamais ? 

Chacun dans notre port d’attache, nous échangions des messages, nos confidences glissaient entre les vagues du direct et les remous du replay.

Il y a, dans les silences, l’infini d’une mer sans rivage. Parfois, tu es la houle qui me soulève, parfois la lumière qui perce la surface, parfois la main invisible qui me retient au bord du vertige. Enfant, l’eau me terrifiait. Je la croyais abîme sans fond, promesse de disparition. Mais ce soir, à force de nos rituels, de nos relectures partagées, j’ai vu, du fond des abysses, une trouée de lumière. L’abîme n’est plus irrémédiable quand il s’ouvre sur ta présence.

Je ne sais jamais si tu es la mer ou la promeneuse du rivage, la vague ou le phare. Mais je sais que chaque semaine, chaque replay, tu es ce courant secret qui me porte, me traverse, me ramène à la surface. 

Ce soir, l’eau n’est plus menace mais promesse, la nuit n’est plus naufrage mais traversée. Sous la lumière du couchant, tout devient possible. C’est précieux.

L’amour, peut-être, c’est cela : reconnaître dans l’autre la force de la mer et la douceur de la lumière, accepter de plonger et de remonter, encore, toujours, ensemble.

Tu es l’océan où je me découvre, l’onde où je me sauve.

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