Le courage des autres – Hugo Boris

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Le courage des autres - Hugo Boris

Le courage des autres publié aux éditions Grasset en cette rentrée littéraire de janvier 2020 est déjà le 5ème roman de Hugo Boris, auteur que j’ai découvert l’an passé avec son excellent et saisissant Police.

Je remercie l’auteur pour sa belle dédicace et les éditions Grasset pour m’avoir fait parvenir Le courage des autres en avant-première en décembre dernier.

« En général, l’anxiété qui sourd dans ces pages est pourtant des plus banales : celle que l’on peut ressentir lorsqu’il faut affirmer dans un espace public, lorsqu’une situation vous interpelle, voire vous sollicite, exige de vous une prise de parole, un geste. Oh, comme le masque tombe dans ces cas-là ! Comme les forces et les failles se révèlent dans ces situations journalières ! « La vie est un processus au cours duquel vos points les plus faibles sont infailliblement découverts » écrit Julian Barnes. La précarité de mon courage ne vient peut-être pas de nulle part »

Le courage

Il y a quinze ans, tout juste ceinture noire de karaté, Hugo Boris est témoin d’une altercation dans les transports en commun, parisiens en l’occurrence qu’il prend chaque jour. Il se contente de … tirer la sonnette d’alarme plutôt que d’intervenir. Et depuis, ce « manque de courage » l’obsède.

Le courage, qu’est-ce que c’est ? Vaste question me direz-vous pour laquelle chacun a sa propre réponse. C’est sur cette notion qu’Hugo Boris a décidé de se questionner dans les 170 pages de son dernier ouvrage autobiographique. Qu’est-ce qui différencie le courage de la lâcheté ? de la peur ? de l’indifférence ? Pourquoi certains osent et d’autres non ?

Pourquoi lui, Hugo Boris, il hésite, il est certain que… mais ne peut pas poser ce point final en passant à l’action ? Est-ce son éducation ? Est-ce de la peur ? de la couardise ?

L’auteur nous offre une collection de situations, de bribes de vie, des tranches de vie quotidiennes observées dans le métro et le RER. Il dresse le portrait de la société contemporaine au travers d’un recueil de textes uniques et étonnants.

Il découpe son texte en trois parties. Il débute avec la sidération, passe à l’admiration et conclut par l’affirmation. Des violents aux pacifiques, des jeunes enfants aux seniors, la plupart ont un point commun : ils osent !

« Elle le contemple avec dévotion en lui flattant le visage de la main. Elle l’effleure amoureusement de bas en haut, puis revient en survolant son front, ses yeux, sa joue, son menton, son cou, d’une paume légère et sans poids. Sa caresse, un peu brouillonne au départ, se précise, plus enveloppante, plus régulière, au point que j’en ressens une gêne indéfinissable, une envie de regarder ailleurs. Je trouve à son geste un air familier, sans savoir quoi exactement, quelque chose dans l’amplitude du mouvement et de la cadence, une connaissance de l’œil. J’arrondis la bouche de stupeur. »

Poétique, humain, vivant

J’ai retrouvé avec bonheur la plume et l’écriture si poétique, si affûtée, si évocatrice de l’auteur. On est en immersion totale tant on ressent et on est marqué par ce qui est écrit. D’une ligne à quelques pages, c’est simple et fort à la fois. Il y a une vraie puissance qui se dégage de ce texte. Comment ne pas souligner la poésie des mots, la sensibilité des constructions, la finesse des observations, l’extrême détail des descriptions, la véracité des phrases.

J’ai également apprécié l’humilité et la délicatesse de l’auteur, qui fait abstraction de tout préjugés et autres facilités. La lecture est facile et addictive. Je n’ai pas vu passer le roman et l’ai d’ailleurs relu il y a quelques jours.

« Et vous, comment vous faites ? Vous n’avez pas chaud ? La vieille trésaille légèrement, comme si elle espérait et redoutait cette sollicitation. Son visage prend une expression de douceur navrée. Elle déboutonne son poignet et retrousse sa manche pour faire apparaitre un numéro de matricule bleu pale tatoué sur son avant-bras. Silence horrifié dans le carré. J’ai passé dix-huit heures dans un wagon à bestiaux sans air, sans eau, avec un bébé de six mois, alors aujourd’hui je n’ai plus chaud. »

Poétique et humain, étonnant et vivant, éphémère et éternel, différent et émouvant voilà qui caractérise parfaitement Le courage des autres.

Hugo Boris m’a encore une fois bluffé et véritablement conquis par la sincérité du propos, l’originalité et la maîtrise du thème. J’ai été touché par nombres de situations, marqué par d’autres. Je ne suis pas près d’oublier ce récit.

Je ne sais pas si j’ai réussi à vous transmettre mes ressentis si forts tant il est difficile d’en parler. Je vous conseille de les vivre et à votre tour de réfléchir en parcourant à votre tour cet herbier.

4/5

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