Le magazine Psychologies organise régulièrement des rencontres avec des auteurs. Pour la première fois, c’était avec un auteur de polar, Antoine Renand qui publie son premier ouvrage L’empathie dans la collection LA BETE NOIRE chez Robert Laffont.
Fan de cette collection, je me suis inscrit à la rencontre qui a eu lieu hier, Mercredi 13 février à 9h. J’ai notamment pu échanger longuement avec Antoine que je remercie au sujet de son ouvrage.
Je remercie Pauline ainsi que Psychologies Magazine et les éditions Robert Laffont pour cette opportunité et l’envoi du livre.
« Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte. »
La couverture, esthétiquement réussie, donne le ton avant même de découvrir l’intrigue. De même, le titre est peu banal pour un roman noir… Qui dit Empathie dit émotions, et vous connaissez tous mon côté très sensible. Je ne pouvais donc qu’être intrigué et impatient de découvrir. Et une fois ouvert, impossible de lâcher prise tant je voulais savoir, mais surtout voir comment l’auteur allait clore. Car si le début est somme toute classique et conventionnel, la suite est bien plus originale et surprenante. Je n’ai pas vu passer les 464 pages.
« Mais il irait jusqu’au bout, sans rien lâcher, jusqu’à ce que cette piste soit épuisée. Il ne se décourageait pas et savait que si tout cela ne donnait rien, même après ces efforts colossaux, il rebondirait et trouverait autre chose. Tant qu’il n’aurait pas réussi, pas une seule des journées dans les années ou décennies qui lui restaient à vivre ne serait vouée à autre chose qu’à atteindre cet objectif. »
Le sujet? Il est dur… puisqu’on parle de violeurs en série, de psychopathes, de combats (intérieurs et extérieurs), de luttes et de violence… Mais également de lourds secrets. C’est sombre mais ce n’est pas « affreux ». Les scènes sont difficiles, la violence est là mais elle ne franchit pas le cap de l’horreur comme dans certains autres thrillers. L’auteur y porte une attention particulière car ce n’est pas le but de son ouvrage.
L’intérêt majeur, magnifiquement maitrisé pour un premier roman, est à rechercher dans les personnages. Le côté psychologique est très fort. Le lecteur découvre petit à petit chacun d’eux. Lourds secrets d’enfance, relations parentales, amours, haines… Antoine Renand met un point d’honneur à maitriser totalement ses protagonistes. Pourquoi la Poire? Pourquoi Alpha? Des chapitres spécifiques y sont consacrés et c’est un pur régal!
« Passer si près de la mort avait été une avancée supplémentaire pour Anthony sur le chemin d’une nouvelle existence… »
J’ai particulièrement aimé suivre les péripéties de Anthony, l’étudier et évoluer avec lui, à ses côtés. Sa relation avec sa mère, sa collaboration avec Marion, sa traversée du désert et ensuite sa volonté plus forte que tout, sa renaissance.
Une écriture très recherchée, une structure narrative adéquate et la construction de l’opus rendent le récit très visuel. Nous sommes dans le rythme d’une série TV (une fois n’est pas coutume, on reconnait bien ici la patte du scénariste). C’est très fouillée et travaillée. Il y a clairement eu beaucoup de documentation avant l’écriture de cette œuvre. Rien n’est laissé au hasard concernant les personnages. Une vraie réussite! Ca marque fortement et je suis pas prêt d’oublier Anthony Raush, Louisa Raush, Alpha, Deborah, Marion…
« Sa mère était pétrie de défauts: narcissisme, cynisme, égoïsme, et toute une brochette d’autres; en revanche, elle était tout sauf une imbécile. S’émouvoir qu’elle défende ceux que la foule qualifiait communément de monstres revenait à s’étonner qu’un excellent alpiniste entende gravir l’Everest. Pour une virtuose des assises, innocenter un innocent ne suffisait plus, rien n’était indéfendable. »
Le dénouement dans l’ultime partie m’a semblé trop rapide. Il n’est pas bâclé néanmoins mais j’aurais apprécié qu’il soit à l’instar des précédentes parties un peu moins direct. J’ai tourné la dernière page avec une légère déception.
Audacieux pour un premier opus, atypique et disruptif pour un roman noir, L’Empathie est une parfaite réussite. Cela tient la route et fait beaucoup réfléchir son lecteur. Je citerai notamment les sujets des vies brisées, la banalisation du viol, du machisme dans la société contemporaine, du poids et de l’influence du passé (avec ses lourds secrets), tous ces éléments qui bouleversent le scénario de notre propre vie, de nos choix, nos sensibilités, notre empathie…
Bravo à Antoine Renand, auteur que je suivrai dans l’avenir. J’ai pris plaisir à l’écouter et à discuter avec lui. Je ne peux que vous conseiller d’en faire de même.
4/5