Silences, vérités et mensonges familiaux
L’appel de la lettre
« L’enveloppe, déchirée tout du long et adressée à Lorena Mancini, porte en rouge la mention URGENT ainsi que le sceau d’un cabinet notarial de Padoue. Devant Lorena qui ne dit rien, Elio en extrait une feuille qu’il déplie et lit à voix basse. »
Lorena est une jeune infirmière militante et engagée, féministe, pro avortement qu’elle défend dès qu’elle peut dans les manifestations. L’une d’elles dégénère à Padoue. Dans l’appartement d’Elio, tout bascule avec cette lettre… qui l’invite à régler la succession de ses parents avec qui elle a coupé les ponts depuis de nombreuses années et dont elle a hérité la maison.
Que serait-il advenu si cette lettre avait été perdue dans la bousculade ? Si Lorena n’avait pas honoré ce rendez-vous chez le notaire ? N’avait pas accepté de vendre la maison parentale ? Et donc… qu’elle ne l’avait pas vidée ?
La découverte du secret et la quête d’identité
« La honte, Lorena y pense souvent, elle qui vit avec ce mot gravé jusqu’à l’os. Elle entend la voix de Suzana ponctuant chaque phrase d’un onta ! qui claque comme une gifle qu’elle ne pouvait plus retenir. »
En vidant la maison familiale, Lorena découvre qu’elle n’est pas une Mancini, mais une Magris. Qui est-elle au juste ? C’est dans cette quête folle, cette exploration des non-dits, ce combat à la recherche de ses origines qui la mènera d’Arqua Petrarca à Hoboken aux Etats-Unis en passant par Castro dei Volsci sur les traces de sa grand-mère Amélia Magris, d’un certain Giampaolo, et de sa mère Ava que nous entraîne Alexandre Bertin. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises.
Une écriture dynamique et addictive
« Comme un film défilant au ralenti, Lorena visionne les six derniers mois de sa vie. La pluie battante, la route sinueuse qui montait vers Castro dei Volsci et le hangar à l’abandon sur lequel étaient peintes les lettres à moitié effacées par le temps. Elle se souvient des mots de Massimo, de la plaie que représentaient pour lui cette ruine et les souvenirs qu’il y associait. Elle repense à Ursula et à son récit. »
Alexandre Bertin mêle faits historiques et fiction dans Les silences de Pietrasecca pour évoquer les drames italiens de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement ceux des femmes. Le prologue glaçant annonce la couleur : on ne sort pas indemne de cette lecture. L’écriture est dynamique, la tension progressive. Le lecteur ne peut que s’attacher à Lorena. Comme elle, il voyage, il espère, il frissonne, il s’émeut. Addictif et passionnant tant on apprend tout en se distrayant. Si certaines descriptions paraissent parfois forcées, abruptes ou trop scolaires, le rythme demeure haletant, le tout convaincant.
Les silences de Pietrasecca est un roman où les silences parlent autant que l’Histoire italienne.
Les silences de Pietrasecca est à découvrir dès le 2 mai 2025 aux éditions Emmanuelle Colas.
Merci pour cette belle recension Benoit !
Merci cher Alexandre. Quel beau livre préalablement. Bravo à toi.