Ma mère du Nord – Jean Louis Fournier

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MaMereDuNord

Ma mère du Nord est le dernier roman de Jean Louis Fournier. Il sort aujourd’hui, 30 septembre 2015, en librairie. J’ai eu la chance de le lire en version électronique en avant-première.

Je remercie les éditions Stock pour cet envoi.

« Dans mes livres, j’ai donné des nouvelles de ma famille. De mon père, il n’a jamais tué personne. De la mère de mes enfants, pour qui le poète est devenu paysan. De mes deux garçons, maintenant ils savent où on va papa. De ma femme, qui m’a laissé veuf inconsolable, et de ma fille, devenue la servante du Seigneur. Pas de nouvelles de ma mère. Elle est la seule que je n’ai pas encore eue dans le collimateur. Pourquoi maintenant ? Parce que je suis vieux. C’est toujours chez leur mère que se réfugient les gangsters après leur dernier coup. Surtout, je voulais garder le meilleur pour la fin ».

Ainsi commence le dernier opus de Jean Louis Fournier. Garder le meilleur pour la fin, voilà qui, connaissant les précédents récits sur sa famille, augure d’un nouveau livre très fort.

Fidèle à ses habitudes, Jean Louis Fournier nous offre un court roman (moins de 200 pages) aux chapitres courts à très courts. Un bulletin de météo marine en guise de titre de chapitre (prémices d’une vie agitée), une pensée, des réflexions, un commentaire de photos, les paroles des petits enfants… Il alterne les procédés tout au long du livre pour brosser le portrait de sa mère, telles des chroniques indépendantes, ce qui dynamise le récit et permet de le lire à très grande vitesse. Avec une telle construction, le roman se lit en moins de deux heures. On n’est donc pas dépaysé.

Mais cela ne signifie pas qu’il est insignifiant ou neutre. Bien au contraire.

Jean Louis Fournier nous dépeint donc la vie de sa mère, qui fut tout sauf un long fleuve tranquille. Marié avec un alcoolique, maman d’un fils renvoyé de l’école (Jean Louis), avec une mère très et souvent trop envahissante (je pense notamment à la religion), la vie de Mme Fournier n’a pas été simple. Jean Louis Fournier nous écrit à plusieurs reprises qu’il l’a souvent entendue pleurer en secret. Discrète et réservée, elle n’a jamais voulu être mise en avant. Malgré tout, elle a assumé son rôle de mère parfaitement et le récit que nous offre son fils la met parfaitement en valeur.

« Je dois porter la poisse » dira-t-elle en arrivant… Elle ignorait qu’elle avait été la plus grande chance de ma vie. Je n’ai pas osé le lui dire, elle m’avait appris à taire mes sentiments.

Car oui, c’est une véritable et très belle déclaration d’amour que nous livre Jean Louis Fournier, ce qu’il confirme dans son texte au cas où le lecteur ait des doutes.

Va-t-elle savoir lire entre les liges, comprendre que ce livre est une déclaration d’amour, que j’essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l’aimais, sauf dans les compliments de la fête des Mères dictés par la maitresse ? Comprendre que je l’ai écrit pour la faire revivre. Parce qu’elle me manque.

Parfois piquante, parfois humoristique, régulièrement poétique et métaphorique, l’écriture de Jean Louis Fournier est surtout très émouvante. L’hommage qu’il rend à sa mère marque véritablement le lecteur. Il en profite également pour reprendre des thèmes déjà abordés dans ces précédents romans : son père médecin alcoolique notamment.

Dans cette maison, elle a dû entendre l’écho des sanglots longs des violons de l’automne, et elle a attrapé la mélancolie.

Ma mère est radieuse, comme à la naissance de l’aube. Mon père a l’air éteint, son regard est triste et son horizon funèbre.

A l’arrivée, comment ne pas aimer et apprécier ce dernier opus. Si la servante du seigneur m’avait plu mais également dérangé (doit-on vraiment tout rendre public ?), ce vibrant et fort portrait m’a pleinement convaincu.

Je ne peux que vous conseiller cette lecture.

4/5

Citations :

  • Que définitivement elle n’avait pas de chance ; que, définitivement, le bonheur n’était pas pour elle. le monde se liguait pour la rendre malheureuse, même sa mère. Difficile de la contredire, ce jour-là.
  • Notre mère n’a jamais eu de chauffeur. Elle a toujours été aux commandes. C’est elle toute seule qui a dû conduire sa vie, et la vie des autres. Elle n’a jamais pu compter sur son mari, il était irresponsable. C’est elle qui a tenu le volant pendant toute la route. Elle a conduit prudemment. Elle devait faire attention, derrière il y avait quatre enfants et , dans le coffre, un mari qui ronflait. Elle nous a menés à bon port.
  • J’oublie que le temps ne fait que passer, il ne s’arrête pas, on le reconnaît seulement après, aux traces qu’il laisse.

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