Riquet à la houppe – Amélie Nothomb

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Que serait une rentrée littéraire sans Amélie Nothomb? Après un millésime 2015 particulièrement décevant, que vaut Riquet à la houppe, le cru 2016 produit par l’auteur?

« C’est bon le manque, quand on sait qu’il sera comblé. Il ne l’est jamais[…] »

Je remercie Aurore et les éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre en avant-première.

« A la réflexion, l’insatisfaction et la vulgarité pouvaient s’interpréter comme les versions féminine et masculine d’une force identique: le désir ». 

Cette année, Amélie Nothomb a choisi de revisiter un conte, celui de Perrault. Elle s’était plus ou moins déjà aventurée dans ce style avec Barbe Bleue. Cela lui avait plutôt bien réussi.

Elle choisit de raconter deux histoires en parallèle de deux êtres que tout oppose, de leur enfance à leur rencontre finale. Celle d’un garçon, exceptionnellement laid mais très intelligent, qu’elle prénomme Déodat. Et celle d’une jeune fille, particulièrement belle mais « idiote », qu’elle nomme Trémière.

« Que l’on ne s’y trompe pas: Enide et Honorat étaient de bonnes personnes. La vérité est que nul n’est disposé à accepter la hideur, et surtout chez sa progéniture. Comment supporter qu’un moment d’amour ait pour conséquence le choc toujours neuf du laid? Commet tolérer qu’une union réussie aboutisse à une tronche aussi grotesque?On ne peut accueillir une telle absurdité que comme un accident. 

On retrouve de suite les caractéristiques de la narratrice belge: des prénoms cocasses (pour le nom singulier) à coucher dehors et des personnages vivant dans un monde extravagant, un peu à la marge de la société. Pas de doute, nous lisons bien un opus de Amélie Nothomb.

On découvre les oiseaux, on philosophe, on analyse le monde actuel où la différence est mal vue et trop souvent ignorée (elle est convaincante sur cette partie là: éloge de la différence dans un monde trop standardisé, trop adepte des modes et des convenances vs la liberté et l’indépendance des oiseaux). Il est également question d’amour: la découverte de celui-ci par les adolescents avec les premiers désirs, les premières aventures et déceptions, les difficultés des ruptures. Cet ouvrage n’est pas creux, loin de là et c’est en soi une bonne nouvelle.

J’ai apprécié le dernier chapitre où elle livre ses réflexions personnelles. C’est une sorte de conclusion décorrélée de l’intrigue que je vous laisse découvrir.

« Il ne l’aimait jamais autant que quand elle lui offrait sa présence sans l’angoisse de son attention ». 

Dernier point habituel retrouvé: l’écriture. Indéniablement, elle est belle, fluide, parfois poétique. Rien à redire sur ce point la non plus. Elle sait raconter des histoires. Acerbe ou décalé, sa plume a tout de même eu beaucoup de mal à m’envouter et donc me convaincre. Certes cela se lit bien et vite (compter aux alentours de 2h si vous avez un rythme « normal ») car comme toujours avec la romancière on ne dépasse pas les 200 pages, mais ce conte n’a pas totalement réussi à me convaincre. Je n’ai pas été emporté par l’histoire, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. Il m’a manqué un petit quelque chose. Et comme trop souvent, la fin est trop rapide, limite bâclée alors qu’elle avait pris soin de bien amener la chute.

« On était fin novembre, il pleuvait du désespoir: Trémière ouvrit grand ses fenêtres et trouva sublime ce ciel de suicidés ».

J’avoue ma déception. S’il est indéniablement meilleur que Le crime du comte Neville, Riquet à la Houppe  ne me laissera pas grand souvenir. Définitivement, rien ne vaut un ouvrage où l’auteur parle d’elle ou du Japon. C’est clairement là où selon moi Amélie Nothomb excelle et arrive à emporter son lecteur. Ce sera peut être pour la récolte 2017…

En cette rentrée des classes, j’emprunte la conclusion à l’Education Nationale en faisant une dédicace à mes deux sœurs, Pascale et Chantal, ainsi qu’à tous mes ami(e)s professeurs: Bien mais peut mieux faire! Je vous laisse vous faire votre propre opinion. Bonne lecture!

3/5

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18 Commentaires

  1. J’avais tenté le 2015 par curiosité (déception), grâce à ton billet, je vais passer à autre chose. Comment expliques-tu le phénomène Nothomb ? Elle ne met même plus de chapeau ! (vu à LGL)

    • Elle a écrit de bons livres qui sont généralement court et fluide. Et le Japon a toujours attiré.
      Malheureusement comme elle produit un roman par an y a beaucoup de déchet…
      Le cru 2016 est pas mal mais n atteint pas pour moi le niveau de certains de ces précédents (notamment quand elle parle d elle)

  2. J’ai le même ressenti que toi sur ce roman.
    Sur tes conseils, Je tenterai ses livres autobiographiques, car jusqu’à présent, je suis souvent déçu!

  3. Peu de fond mais de la forme. C’est l’Amélie de ces dernières années. Celui de l’an dernier m’a davantage poussé à la ( légère) réflexion.

  4. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais je garde en tête tous tes points positifs 😉 Et tu as entièrement raison, il est bien meilleur que le comte de Neuville.

    • Impossible d’être ok sur toi, c’est la joie de la diversité 😉 J’irai lire avec attention ton avis. Merci pour ton commentaire et bon dimanche!

  5. Tout à fait d’accord avec toi… J’ai lu tous les romans d’Amélie et celui-ci est meilleur que Le Crime du comte Neuville ou l’âme d’Amélie était absente. Pour Riquet à la houppe, j’ai retrouvé sa belle écriture ! Mais nous sommes très loin de la qualité des romans où Amélie Nothomb se raconte, notamment son enfance. Amélie est meilleure lorsqu’elle écrit un roman qu’un conte 😉

    • Je peux comprendre… mais parfois il faut persévérer. Suis sur que vous avez une bibliothèque ou une médiathèque pas loin de chez vous pour y passer 2 petites heures de lecture 😉

  6. Bon, je vais encore être la seule, mais j’assume. J’avoue, j’ai adoré Riquet à la Houppe… sans objectivité. Mais quand même… les noms de ses personnages (ça ne t’a pas échappé) sa culture, ses envolées, sa chronique aviaire et… entièrement d’accord avec toi, son dernier chapitre. Je l’ai entendue dans une interview sur Europe I (sa diction était largement meilleure qu’à LGL), elle ét

  7. 2 heures pour lire son roman ? vous lisez vite. Sans doute aussi vite que vous écrivez vos chroniques. La grâce de l’écriture de Nothomb, le poids des mots l’élégance des phrases semblent vous échapper. Comme vous échappe vos style inexistant dans cette chronique scolaire et sans style.

    • On ne peut plaire à tout le monde.
      Je ne lis pas spécialement vite je lis tout simplement et de manière intégrale, jamais rapidement.
      Pour la chronique, je suis désolé qu’elle ne vous ait pas donné satisfaction. Elle ne fait que traduire mes ressentis.

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