Avec Soif, à tout seigneur, tout honneur! Que serait une rentrée littéraire sans un roman d’Amélie Nothomb! Il m’apparaissait donc évident d’entamer cette nouvelle année avec mon avis sur son dernier opus au titre évocateur Soif et à la quatrième de couverture aussi blanche qu’énigmatique avec l’unique « Pour éprouver la soif il faut être vivant. » Au niveau Marketing, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle est toujours aussi douée!
Je remercie Claire et les éditions Albin Michel pour leur invitation à leur manifestation Rentrée littéraire au mois de Juin qui m’a permis d’obtenir le livre en avant-première et d’échanger avec mon amie Amélie.
Un pari risqué, osé et très audacieux
« Il n’a pas de corps et l’absolu de l’amour que Madeleine et moi vivons en ce moment s’élève du corps comme la musique jaillit de l’instrument. On n’apprend des vérités si fortes qu’en ayant soif, qu’en éprouvant l’amour et en mourant: trois activités qui nécessitent un corps. L’âme y est indispensable aussi, bien sûr, mais ne peut en aucun cas y suffire. »
Amélie Nothomb fait un choix très audacieux pour ce nouveau millésime en se glissant dans la peau de Jesus et nous contant son chemin de croix, sa crucifixion et sa résurrection. Tout le monde connait ou du moins en a déjà entendu parler. Les pro et les anti-religion affûtent déjà leurs piques… les uns passent leur chemin « car c’est elle et cela sera sans moi tant cela sera creux », d’autres se ruent dessus comme un verre d’eau salvateur. Mais que vaut Soif ? Un grand cru?
Le choix de la narration est également très audacieux : Amélie Nothomb emploie le « je », cette première personne du singulier à l’évocation si personnelle, si intime. Perturbant, voire déroutant au premier abord, ce « je » envoûte et captive le lecteur au fil des pages. Rien n’est prétentieux, ni lourd.
Comme à son habitude, l’autrice aborde beaucoup de sujets, ouvre de nombreux chantiers de réflexion sans pour autant aller plus loin. L’amour, la place et le rôle de l’Homme, la relation au Père, la bienveillance sont judicieusement évoqués.
« Comment s’étonner que la soif mène à l’amour ? Aimer, cela commence toujours par boire avec quelqu’un. »
Un livre brillant, un roman à lire
Soif est un roman court (la marque de fabrique d’Amélie) et toutefois dense, percutant et haletant. Il est rondement mené et à aucun moment les pages sont creuses.
L’écriture est superbe, fluide et poétique. Pointilleuse ou piquante, indifférente ou engagée, elle marque assurément le lecteur page après page. A l’image des phrases, les chapitres sont courts exacerbant cette sensation de manque, excitant la soif de savoir.
D’apparence simple et rapide à lire, Soif s’avère être un récit d’une profondeur intense amenant le lecteur à se reconnecter à soi, à ses sentiments et sensations. Philosophique? Initiatique? Chacun le qualifiera selon ses propres valeurs ou envies.
« L’amour concentre la certitude et le doute : on est sûr d’être aimé autant qu’on en doute, non pas tour à tour, mais en une simultanéité déconcertante. »
A l’instar de ces plus belles productions, L’hygiène de l’assassin, Stupeurs et Tremblements, Soif fera date dans la bibliographie de Amélie Nothomb. Original, il est brillant et réussi. J’ai beaucoup apprécié et ne peux que vous le recommander. Ne serait-ce que par curiosité… Faites-vous votre propre opinion, et échangeons. N’est-ce pas aussi cela l’intérêt de la lecture?
Chapeau bas Madame!
5/5 Coup de cœur
Je suis ravie de lire que ce livre est brillant ! Je le lis bientôt, je les lis tous les nothomb de toute manière 🙂
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