Zoom sur… HS n°1: Joseph Agostini

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Ce week-end, je vous propose de découvrir Joseph Agostini dans ce nouvel épisode de Zoom sur … à l’occasion de la sortie de son nouveau roman Pour unique soleil aux éditions En volume en mai dernier.

Joseph Agostini, psychologue clinicien, chroniqueur sur RTL et au Huffington Post, inaugure les hors-série puisqu’il n’est pas en partenariat avec l’association #TNA Territoires Nouvelle-Aquitaine.

Soyez rassuré, nous retrouverons nos auteurs aquitains très prochainement. Et trimestriellement, vous ferez la connaissance d’un auteur indépendant que je souhaite mettre en avant.

Je remercie Dominique Lhotte d’avoir attiré mon attention et permis cet échange avec Joseph Agostini.

LA VIE ? UN TRAIT D’UNION ENTRE ROCCO SIFFREDI ET L’ABBE PIERRE 

Joseph AGOSTINI

Présentation de Joseph Agostini

Une chose est certaine : Joseph Agostini ne laisse pas indifférent … on l’aime ou on ne l’aime pas. Certains y verront un touche-à-tout opportuniste, capable de faire feu de tout bois. D’autres, au contraire, admireront la capacité du personnage à passer d’un essai sur les tueurs en série à un roman sur Daniela Lumbroso, d’une lecture psychanalytique des chansons de Dalida à un manuel à l’attention des polyamoureux ou des gens désireux de le devenir.

Psychologue clinicien diplômé d’état, Joseph Agostini ne fait en effet pas les choses à moitié, comme pourraient lui reprocher ses détracteurs. « Sous prétexte que j’aime me frotter à plusieurs univers, ceux qui n’en sont pas capables me le reprochent. Mais pourquoi doit-on faire une bouche en cul-de-poule quand on philosophe, quand on parle d’art ou psychanalyse ? Je ne suis pas d’accord. Je déteste certains»

Déjà auteur d’une vingtaine de textes, essais, romans et pièces de théâtre mêlés, Joseph Agostini a pour ambition de « traquer l’inconscient sous toutes ses formes, celui qui se cache sous une chansonnette ou sous un séminaire de Jacques Lacan. Après tout, dès que nous approchons l’inconscient, nous devenons poètes. Il y a de la poésie dans toutes choses, de la plus obscène à la plus sublime. La vie est un trait d’union entre Rocco Siffredi et l’Abbé Pierre, entre Virginie Despentes et Pascal Quignard. Elle sait se faire abjecte et miraculeuse, comme s’il s’agissait en vérité des deux faces d’une même entité énigmatique, absolument vertigineuse de paradoxes ».

Quand Joseph Agostini fait l’aveu de cette passion pour l’incohérence, le paradoxe, la contradiction, l’on ne peut pas s’étonner que dans son podcast Fais voir la bête, des gens aussi différents que le Docteur en psychologie Maximilien Bachelart et la chanteuse lyrique Chloé Lacroix se côtoient. Sur son « divan », situé dans les studios Majorelle, au cœur de Paris, un médecin anesthésiste, une candidate de télé réalité, un avocat théâtreux, une philosophe trans, un militant des droits de l’Homme se succèdent.

Joseph a réussi son pari : aller à la découverte de l’Autre, dans toute sa multiplicité. Un quart d’heure. « Certains m’ont critiqué en disant que le format de quinze minutes était trop court. Je préfère le haïku au roman de 800 pages. L’interview est une sorte d’épure. On va au fait. Et on laisse la place aux autres ».

Comme dans son cabinet de psychanalyste ? « Oui et non. Parfois, il faut davantage de temps pour accoucher de son inconscient. Mais attention à la société dans laquelle nous vivons. Parfois, le temps s’accélère de façon grotesque. Mais parfois, nous procrastinons trop. Il y a une juste mesure à trouver sans doute ».

Joseph Agostini a-t-il encore un rêve ? « C’est une question, en effet. J’ai la chance d’avoir accompli ce dont je rêvais enfant. C’est un peu triste à bien y penser. Maintenant, que vais-je faire ? Peut-être davantage écouter les rêves des autres. La religion, l’argent… Ce sont des rêves d’abord. Des promesses, des illusions… Mais vivre pour de bon est la chose la plus difficile. Car vivre dans ses rêves nécessite tant d’énergie que ce n’est pas vraiment vivre tranquille, sage et heureux, si tant est que le bonheur existe quelque part ».     

Pour unique soleil - Joseph Agostini - Editions Envolume

Pour unique soleil

Après  La traversée des mensonges , Joseph Agostini signe un deuxième roman aux Editions En volume.  Pour unique soleil  raconte l’adoration d’une jeune étudiante pour une célèbre journaliste de télévision, une adoration qui la conduit à la méprise et aux portes de la folie.

Je vous propose un entretien avec ce psychologue psychanalyste, dont tous les ouvrages convoquent l’inconscient de ses lecteurs.  

Après avoir écumé les mensonges et les secrets de famille, « Pour unique soleil », votre deuxième roman, analyse l’amour fou à sens unique.

Oui, c’est un thème qui me concerne de très près. Plus jeune, j’avais tendance à m’enferrer systématiquement dans ces amours-là. Je ne m’intéressais qu’à des gens qui ne m’accordaient aucune attention, qui ne me témoignaient que de l’indifférence, voire du mépris. Les autres ne me captivaient pas.

Pourquoi avez-vous choisi de créer un personnage principal féminin ?

Parce que selon moi, l’autofiction a beaucoup moins d’intérêt que le roman, avec sa somme de condensation, de déplacement, de travestissement, de trouble jeté sur le lecteur. Dire « Je » me fait bailler. Dire « Elle » est une véritable épopée. C’est un exercice de création et cela me permet d’explorer ma féminité rêvée alors que je me genre au masculin dans la vie.

Cathy est étudiante et ne jure que par Daniela Lumbroso. Le roman se passe en 1999, quand celle-ci animait un talkshow culturel sur LCI. Pourquoi elle et pourquoi à cette époque ?

Daniela Lumbroso est sans doute la personnalité la plus controversée du paysage audiovisuel français. Ses détracteurs veulent la caricaturer en ne voyant en elle qu’une animatrice de variétés un peu niaise à la voix de crécelle, alors qu’elle fut l’une de nos meilleures intervieweuses, tant à la radio sur France Inter qu’à la télévision sur LCI. Personnellement, j’ai toujours eu une immense affection pour le personnage, à la fois drôle et subtil, avec ce je-ne-sais-quoi de triste, d’un peu perdu dans le regard. Daniela est quelqu’un que j’aime et que je respecte profondément.

Vous l’adorez donc comme votre personnage ?

Pour écrire ce roman, il fallait en effet que je travaille sur ma propre fascination. Cela n’aurait eu aucun intérêt si j’avais été complètement étranger à cette histoire d’amour à mort.

Vous êtes psychologue, psychanalyste, comment envisagez-vous ces mouvements d’idolâtrie chez vos patients ?

Nos passions révèlent toujours l’essence de nos identités. Elles sont à la source de nos êtres les plus intimes. Dire qui l’on aime, et pourquoi on l’aime, c’est se mettre à nu. Il y a quelque chose de l’adolescence retrouvée dans « Pour unique soleil ». Le personnage principal se construit à travers son admiration. Elle n’a jamais été proche de sa propre mère et trouve dans Daniela une sorte de féminité ressource, une sensualité qu’elle imite, dont elle voudrait se rapprocher pour se sentir mieux en elle-même. Finalement, c’est un lien thérapeutique, artistique par moments, que l’on peut comparer à celui qu’on a avec un psychanalyste !

Dans le roman, vous faites dire à cette étudiante : « Nous n’avons pas besoin de rencontrer l’autre pour l’aimer ». Que signifie cette phrase ?

Je crois, en effet, que ce lien est purement imaginaire. C’est ce qui fait sa beauté, sa poésie mais aussi tout le drame et toute la solitude des amours à sens unique. Il y a à la fois une dimension merveilleuse et funeste. Il faut savoir l’accepter pour le vivre au moins une fois dans son existence.

4ème de couverture

Cathy a une passion pour Daniela Lumbroso. Un jour, elle croise dans la rue une femme qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la célèbre journaliste de télévision. Pensant qu’il s’agit d’elle, Cathy est prête à tout pour obtenir un peu d’amour de cette inconnue.
Un roman sur la fascination qu’exercent certains êtres sur nous sans le savoir. Une réflexion au sujet des ressemblances mystérieuses… Elles régissent nos existences et nous entraînent parfois dans d’étranges malentendus.

Pour unique soleil – Joseph Agostini – Editions En Volume
Date de parution: mai 2021 – 200 pages – 17,90€

Retrouvez les précédents épisodes : Jeanne Faivre d’ArcierCorinne JavelaudGuy Rechenmann, Deon Meyer et Marin Ledun.

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