« Ce livre, c’est un peu comme un secret que je vais dire à tout le monde. L’histoire d’un engagement que j’ai pris enfant et que je n’ai jamais oublié. »
C’est ainsi que la quatrième de couverture présente Et si tu n’existais pas le dernier ouvrage de Claire Gallois paru en Janvier 2017.
Je remercie les éditions Stock et NetGalley France pour cette lecture numérique en avant-première.
« J’étais sa vie, elle était la mienne. Je ne le savais pas encore. »
Ce court roman autobiographique (juste 140 pages) à la fois doux et amer relate les deux vies, si je peux m’exprimer ainsi, de la petite Claire. Tout d’abord, en début d’opus, celle qui fut agréable, belle, tendre, aimante avec sa mère nourricière Yaya. Claire y apprend la vie, grandit dans la simplicité, les valeurs authentiques et surtout la chaleur, la bonne humeur de la campagne.
« Entre Yaya et moi, il manquait quelque chose, quelque chose qui nous unissait en secret et nous éloignait en même temps : nos propres mères. Nous l’ignorions, bien sûr. Yaya avait perdu la sienne quand elle avait six ans, j’allais découvrir la mienne au même âge. Nous ne le savions pas encore »
Tout se passe bien dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’un jour, sa mère biologique débarque à l’improviste et l’arrache sans explication à ce monde merveilleux.
« […] j’appris beaucoup plus tard combien mon retour chez eux relevait du même état d’esprit. Sauver les apparences »
Ce sera un changement de vie drastique! Terminé la simplicité, la chaleur humaine, l’authenticité… place à la haute bourgeoisie de la Rue de Courcelles, à la froideur, aux convenances et autres faux-semblants.
« Quand la reine mère entrait, de son pas net, les épaules droites, dans une pièce, il pouvait bien y avoir quatre chaises libres, elle ordonnait : Lève-toi quand Mamie arrive. »
Cette opposition entre les deux mondes est parfaitement bien restituée par l’auteur. Les descriptions sont explicites et parlantes, les codes du milieu de la Haute Bourgeoisie sous Pétain (ah Monsieur l’Évêque…) bien mis en exergue. On ressent toute la gêne et le mal être de la petite Claire dans sa « vraie » famille. Jamais sa mère biologique ne sera « sa mère » pour elle. Ce qui renforcera son besoin vital de retrouver Yaya.
« Elles me tançaient : « La mémoire, c’est l’intelligence des imbéciles ». Je l’avais. Je ne pouvais pas leur dire : « Considérez qui est Yaya et considérez qui je suis. Je ne pourrai pas être vraiment moi avant d’avoir renoué le lien qui m’a ouvert à la vie. »
La dernière partie de l’ouvrage, celle que le lecteur attend, celle des retrouvailles, a été pour moi légèrement décevante. Elle est à mon gout trop romancée et donc aurait pu être bien plus empathique.
« Parfois, je me dis que l’enfance est un destin. Tout y est inscrit, pour qui saurait la déchiffrer »
L’autre élément qui m’a perturbé est l’absence de chapitres. Les pensées de la narratrice sont livrées de manière brute, souvent de façon désordonnée. On passe parfois « du coq à l’âne ». Ces sentiments de confusion récurrents, surtout en milieu d’ouvrage, font que le lecteur à du mal à s’y retrouver.
Il n’empêche, c’est une lecture plaisante, une très belle déclaration d’amour à Yaya, servie par une plume aussi belle qu’elle sait être acerbe. Il n’y a néanmoins pas de pathos, ni de propos haineux, ou autres facilités. L’écriture reste dans l’ensemble journalistique donc relativement neutre ai-je trouvé. Si cela peut paraître dommage pour un tel sujet, cela donne le recul suffisant et assure la crédibilité du secret révélé.
Et si tu n’existais pas est un livre bouleversant et fort, même si comme je l’ai écrit je m’attendais à davantage d’émotions. Il mérite assurément d’être mis en avant et lu. Je vous le recommande.
3,5/5
Il devrait arriver dans ma boîte aux lettres d’ici quelques jours. J’ai hâte !
A la lecture du titre, j’ai immédiatement penser à : » … dis moi pourquoi j’existerais … ». Sinon, j’aime bien m’y retrouver quand même dans une lecture.
pensé !
Tu comptes le lire? Je suivrais encore plus attentivement tes prochaine publications 😉
[…] sa chronique de Et si tu n’existais pas de Claire Gallois publié aux éditions Stock et lu en partenariat […]