Le maître de l’océan – Diane Ducret

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Le maître de l'océan Diane Ducret Editions Flammarion

Le Maître de l’Océan est le dernier roman de Diane Ducret paru le 9 mars dernier. J’ai eu la chance de le lire en amont d’une très belle rencontre organisée conjointement par Lecteurs.com et les éditions Flammarion à la Brasserie du Hibou à Paris.

Je remercie Françoise et Nicolas de Lecteurs.com pour ce moment ainsi que les éditions Flammarion pour l’envoi du livre.

Une seule goutte d’amour peut guérir un océan de solitude.

L’océan et la vague

Comment ne pas être intrigué par ce titre, cette sublime couverture orange avec le Mont Saint Michel à l’horizon ? Comment rester de marbre face à cette citation sur le bandeau ?

L’orange, régulièrement associée à la communication et à la créativité, est une couleur chaude qui inspire et insuffle un vent de bonne humeur. Avec le jaune, elle est la digne représentante du dynamisme et de l’ouverture d’esprit. Que des éléments que l’on retrouve à la lecture de l’ouvrage de Diane Ducret. Pour autant quelle est la promesse ? Qu’est ce qui est symbolisé ? L’aurore ? Le crépuscule ? Le soleil couchant ?

Ce conte philosophique, voyage initiatique, est une ode à la prise de recul, à la réflexion. Je le qualifierai même d’hymne à la pensée critique. Comment se construire par soi-même ? Si le Maître de l’Océan et une injonction au lâcher-prise, à la prise de recul, il est en même temps sous la plume de Diane Ducret un mouvement permanent comme le symbolise l’image, la métaphore ou l’allégorie de la vague.

Rien n’est définitif, rien n’est figé dans le marbre. La vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain, c’est bien connu.

Si je ne m’étais point senti poussé par des forces plus grandes que moi, j’aurais renoncé au voyage chaque jour de ce mois, durant lequel je ne sortis qu’une fois sur le pont, pour voir le passage du canal de Suez.

Recherche de la sagesse

Le narrateur ne sait pas lire. Il est donc dans l’incapacité de se réfugier dans les textes, dans les écrits passés. C’est par conséquent à lui de rédiger sa propre histoire au travers de ses rencontres. Il doit se trouver. C’est sa mission, c’est celle qui lui est confiée par le maître. Ce dernier lui fixe de plus une condition intangible: il ne doit pas trahir, ni transgresser les cinq préceptes quoiqu’il advienne sous peine d’être banni et de ne pouvoir revenir après on voyage à la rencontre de l’Océan. Ne pas détruire la vie, ne pas ingérer de viande ni d’alcool, ne pas parler contre sa pensée, ne pas voler, ne pas céder aux tentations de la luxure.

Le narrateur doit accepter d’écouter pour comprendre, de s’ouvrir pour accueillir, de tomber pour se relever. Humilité, résilience et volonté.

Comme Diane Ducret l’explique, « le TAO c’est la philosophie de la recherche de la sagesse et de l’harmonie« . Comment ne pas y voir un parallèle avec notre devise Liberté Egalité Fraternité. ?

Liberté de la nature, de l’Océan à perte de vue. Liberté de voyager, de ne rien faire ou à l’inverse d’être hyperactif.

Égalité de tous devant la vague: quelles que soient sa force, sa volonté, sa corpulence, la vague nous entraîne, la vague nous surpasse, la vague nous submerge.

Fraternité du vivre ensemble, du vivre avec l’autre, d’accepter les différences, de faire obligatoirement preuve d’humilité.

Que, sur le sable, la trace de mes pas ne durerait point, lavée par l’onde prochaine. Mais que le sable et l’onde, eux, demeureraient pour l’éternité. Celui qui veut supprimer les remous, le clapot, les vagues et les marées ne fait pas partie du grand mouvement de l’océan, il tient un bocal d’eau inerte entre les mains. Les hommes ainsi faits finissent prisonnier de leur propre bocal qu’aucun courant ne viendra briser pour les en délivrer.

L’éphémère vs le permanent

Plus j’avançais dans les chapitres, plus j’étais sous le charme. Plus je tournais les pages, plus j’étais serein. Je voguais avec l’éphémère de la vague alternant avec le permanent de la mer d’huile à l’horizon.

Et une nouvelle fois, j’ose une comparaison. La solitude, la recherche de réponses, la nature, les aléas de la météo… les rencontres et le dénuement… Cela ne vous fait penser à rien ? Notre narrateur est à l’image du pèlerin sur les chemins de Compostelle.

L’écriture de Diane Ducret est aussi poétique qu’expressive. « C’est le radeau pour traverser les flots ». Point de leçons données, point de conclusion définitive, point de vérités assénées ou imposées. À l’inverse, Diane Ducret nous offre les sujets et nous laisse nous en saisir si nous le souhaitons.

La colère vs la zénitude, la tension vs le calme, l’enthousiasme vs le doute, la violence vs la paix, le danger vs l’anodin, le court terme vs le long terme, l’Occident vs l’Orient.

Accepter le mouvement, se tourner vers l’avenir et vivre…

L’homme humble ne cherche point à vanter son courage pour gonfler ses mérites. Ainsi, je ne mentirai point en prétendant avoir conservé mon enthousiasme intact out le long de la traversée.

« Pour se relever d’une chute originelle, il faut se mettre en chemin «  nous a affirmé Diane Ducret lors de notre échange. Quelle autre conclusion adopter en refermant le Maître de l’Océan ?

Oui le sujet est différent des précédents ouvrages. Pour la première fois, son héros est un personnage masculin. Pour autant, je ne considère pas qu’il est un pas de côté de Diane Ducret. Il est une réponse possible aux crises actuelles que nous traversons. Il est par conséquent politique, spirituel et philosophique.

Si vous aimez Khalid Gibran, vous apprécierez le Maître de l’Océan. Merci Diane Ducret.

Je conseille ce livre. Prenez le temps de le déguster, de vous évader et de voyager dans le calme.

4/5

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