Anne-Sophie Moszkowicz est une jeune écrivaine française qui vit à Nice et travaille dans l’édition. Après un premier roman remarqué aux éditions Les Escales, N’oublie rien en chemin, elle publie Maison libre, sans toit ni cloison aux éditions Héloïse d’Ormesson en ce mois de mai 2022.
Outre l’envie de lire Anne-Sophie Moszkowicz dont j’ai entendu et lu le plus grand bien, le titre et la couverture de cet opus m’ont séduit. Qu’entend l’auteur par maison libre, sans toit ni cloison ? Quel rapport avec cette plage de sable fin et cette jeune femme bondissante ?
Je remercie Héloïse et Alix pour leur confiance et l’envoi de l’ouvrage.
Le deuil
Comment soigner les âmes ? Et plus particulièrement celle de Claire qui a l’immense douleur de perdre son père Boris ? Elle était si proche, elle l’aimait tant. C’est bien connu, les meilleurs partent trop tôt.
Le jour des obsèques de celui-ci, Claire décide de fuir. Sans prévenir qui que ce soit, elle quitte sa famille, son métier de librairie, sa maison. Elle n’a qu’une idée en tête : voir l’océan pour retrouver son père. Pour autant, ce n’est pas un simple coup de tête. Elle a une boussole : une vieille carte postale retrouvée évoquant une petite ville sur la côte Atlantique.
C’est ainsi qu’Anne-Sophie Moszkowicz nous ramène en mai 68, à l’époque où Boris était étudiant en architecture. Lui dessine des maisons pendant que d’autres manifestent et jettent des pavés. Lui a un rêve fou : celui d’une maison libre, sans toit ni cloison.
Authenticité et sensibilité
Anne-Sophie Moszkowicz a fait le choix d’alterner les récits. Elle navigue entre le passé, des années étudiantes jusqu’au dernier souffle de Boris, et le moment présent, celui des interrogations et des recherches de Claire. Ce ping-pong offre au lecteur les clés pour comprendre la quête de Claire mais aussi la vie et les choix de son père. Un point commun: les rencontres.
Anne-Sophie Moszkowicz effleure ou aborde plus en profondeur de nombreuses thématiques fortes : la transmission, la filiation, la construction, la vie… avec deux fils rouges : l’amour et la liberté.
La liberté de faire, la liberté de se mouvoir, la liberté de choix.
L’amour de la nature, l’amour du travail, l’amour familial.
Page après page, Claire découvre, Claire ose, Claire s’enivre, Claire fait des rencontres. Claire change, Claire comprend… et Claire se libère.
Beauté et délicatesse
Le lecteur vogue dans un océan parfois calme et doux, parfois déchaîné et terrifiant.
L’écriture d’Anne-Sophie Moszkowicz est remarquablement belle, ciselée, poétique. Elle décrit avec délicatesse les paysages, les sentiments, les doutes, les envies de Claire, les rêves les plus fous de Boris.
Elle est touchante et authentique. Elle rend la lecture fluide et agréable.
Enfin, elle émeut, tant la dernière partie du livre est aussi forte qu’inattendue. Comme beaucoup de lecteurs je pense, j’ai tourné les pages les yeux de plus en plus humides, les frissons de plus en plus présents.
Si liberté je chéris ton nom, racines je ne me départis et amour je revendique.
J’ai lu et relu quelques semaines plus tard Maison libre, sans toit ni cloison avant de produire cette chronique. Pourquoi ?
Pour ne pas faire de recension à chaud tant il m’a profondément marqué et ému, tant les thématiques abordées résonnent en moi.
Pour ne pas avoir cette sensation d’écrire sous le coup de l’émotion alors même que ce livre regorge de thèmes passionnants et incite à la réflexion.
Pour être en mesure enfin de rendre réellement hommage et faire honneur à cet excellent opus. J’espère y être parvenu.
Fuir pour cacher, fuir pour réfléchir, fuir pour comprendre, fuir pour oser vivre et se libérer.
Puis, à son tour, perpétuer le souvenir, poursuivre l’œuvre et offrir le plus beau témoignage d’amour en transmettant à ses enfants.
Merci Anne-Sophie Moszkowicz.
4,5/5