A la place de l’autre – Guy Rechenmann

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A la place de l'autre - Guy Rechenmann

Je ne boude jamais le plaisir et le bonheur de retrouver Guy Rechenmann et son flic de papier Anselme Viloc. Je ne pouvais donc que me précipiter sur A la place de l’autre, polar préalablement paru aux éditions Vents Salés en 2016 et réédité en ce mois de mars 2021 par les éditions Cairn dans la collection du Noir au Sud.

Partons à la recherche de l’enfant perdu en voyageant dans notre belle région Nouvelle-Aquitaine avec Anselme et Guy Rechenmann

Collection Du Noir au Sud - Editions Cairn

Collection du Noir au Sud

Du Noir au Sud est une collection de 113 romans policiers aujourd’hui dirigée par Gilbert Noguès. Le lecteur voyage dans le Sud-Ouest : ses villes, ses villages, à la découverte des habitants, de leurs traditions, leurs secrets.
L’ambition des éditions Cairn : dessiner, au fil des ouvrages, un portrait d’ensemble du Sud-Ouest, noirci à coups de plumes tantôt historiques, ou humanistes, parfois teintées d’humour, mais où crimes et intrigues ont toujours le rôle principal.

On y retrouve bien évidemment Guy Rechenmann avec Le flic de papier, Fausse note, Même le scorpion pleure, Une étoile en enfer et le Quizz sur le Golf.

« Dites-moi, vous êtes un drôle de gaillard. Vous êtes légèrement improbable comme disait je ne sais plus qui. D’abord vous prenez la déposition d’un rêve ou d’un cauchemar, c’est selon, et aujourd’hui vous faites encore plus fort, car, je me répète, il n’y a ni déposition, ni plainte, ni corps, enfin rien du tout, seulement une illuminée sur une plage, débitant une litanie. Comprenez-moi, Viloc, vous êtes dur à suivre…Vous savez aussi bien que moi que l’onirique est à la police ce que la franchise est à la politique. »

Une intrigue familiale atypique

Autant vous prévenir de suite : ici vous ne trouverez pas de meurtre, pas de sang, pas de violence ou de coup de feu, pas de moyens modernes de communication. L’intrigue se déroule 30 ans en arrière, à l’époque de l’instinct, de l’intuition avant la « facilité moderne ». En apparence, tout est simple… et pourtant, Guy Rechenmann parvient sans aucun problème à maintenir l’attention de son lecteur jusqu’à l’ultime page. Comme quoi, il ne faut jamais s’arrêter à des clichés…

Anselme découvre une femme amnésique, en position de yogi face à l’océan, lors d’une ballade avec le chien de ses amis sur la plage de la Pointe du Cap-Ferret. Il l’installe dans sa voiture et la conduit au CHU de Bordeaux. Qui est-elle ? Que cache cette femme rapidement surnommée « la Yogi de la pointe » et qui répète sans cesse « c’était le 21, c’était le 21′, et « je sais où est mon fils, je sais où il est » alors même qu’elle n’en a jamais eu ? Quel est son secret ?

Seul un Anselme Viloc pouvait résoudre cette énigme. Je vous laisse découvrir comment au travers d’un voyage dans le temps qui vous conduira à l’époque de la seconde guerre mondiale. Histoires familiales, éducation, ressentiment, manipulations, vengeance… vous ne vous ennuierez pas mais serez une nouvelle fois impressionné par l’imagination débordante de Guy Rechenmann.

« Accoudé au bar du Rat Mort, je savoure avec Jérémy mon succès sur la rationalité blanche, sous la forme d’une bière de la même couleur. Rien à voir avec une race quelconque, non, la rationalité procédurale ou blanche, comme je la nomme, caractérise un comportement influencé par l’usage d’une raison ne bénéficiant pas de toute l’information pour prendre une décision. »

Un style inimitable

Notre spécialiste, notre Flic de Papier si cher à Guy Rechenmann a encore frappé. Ou comment d’un fait divers sur la plage du Cap Ferret il déroule la pelote et met à jour une histoire familiale aussi sordide que dramatique.

Il est impossible de ne pas reconnaître Guy Rechenmann d’ailleurs en tournant les pages tant son style est caractéristique et son humour inimitable. On retrouve tout ce que l’on connaît et apprécie.

  • La façon atypique d’enquêter de Anselme, la confiance qui lui est octroyée à partir de rien ou presque.
  • Les piliers de Anselme : le bassin d’Arcachon, la musique et le Jazz et ses proches: Sylvia, Lili …
  • Son amour des recherches et de l’Histoire avec ses études fouillées des archives, la recherche du moindre fait jusqu’à l’enfance des interlocuteurs.
  • L’humour, la poésie, les très nombreuses divagations et digressions pour perdre le lecteur. Guy Rechenmann prend un malin plaisir comme à l’accoutumée à nous mener en bateau, à brouiller les pistes.

L’esprit rationnel deviendra fou, l’amoureux de Anselme s’en délectera. De multiples chemins explorés et de voies de garage ou de sans issue, un vrai labyrinthe habilement conçu, le jeu de piste est parfaitement maîtrisé par Guy Rechenmann. Il nous captive, nous happe et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page…

« Heureusement Plaziat n’est pas un idiot, ce n’est pas le cas de tous, il a du flair, il est à l’écoute. Il sent quand il y a anguille sous roche et si le poids des informations recueillies jusque-là ne fait pas pencher le fléau de la balance de mon côté. Loin de là, le boss, dans sa grande sagesse, mise sur un arrivage imminent de révélations pour inverser la tendance tel un Terre-neuva dépressif qui reprend des couleurs en tombant sur un banc de morues, là s’arrêtant la métaphore piscicole »

Vous l’avez je pense compris : j’ai aimé, j’ai souri, je me suis cultivé, j’ai voyagé, j’ai frémi, j’ai compati… en lisant A la place de l’Autre de Guy Rechenmann.

J’applaudis et je recommande A la place de l’Autre. Une belle réussite.

4/5

2 Commentaires

  1. — Je crois que vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! claque-t-il, sortant une
    arme à feu de la poche de son blouson de cuir.
    Il arme son Beretta, le pointe sur Paul, puis sur Roger. Dès lors, Roger bouscule
    Raymond, ce qui le fait tomber à terre, puis Paul le plaque de tout son corps pour
    l’empêcher de se servir de son arme.
    Une détonation.
    Du sang coule du torse de Raymond, allongé contre la dalle.
    Paul et Roger prennent peur.
    Ils s’enfuient, sortant précipitamment de l’église.
    Quelques instants plus tard, la tête de Raymond se redresse.
    Il se rend compte que la balle a frôlé son tronc, elle s’est plantée dans un des
    murs de l’église.
    Il saigne un peu.
    Il pose un mouchoir contre sa blessure, se redresse, regardant autour de lui,
    puis sort aussi précipitamment de l’église. à retrouver sur https://www.librinova.com/librairie/jacques-suissa/un-mort-a-saint-pothin

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