Le livre des sœurs – Amelie Nothomb

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le livre des soeurs Amelie Nothomb Albin Michel

Chère Amelie,

Fidèle à la tradition depuis désormais 30 ans, vous nous présentez votre nouveau millésime à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre. Après Soif, les Aérostats et Premier Sang, vous publiez donc Le livre des soeurs toujours aux éditions Albin Michel.

Fidèle au poste également depuis déjà 7 ans (comme le temps passe vite… ), j’ouvre cette session Rentrée littéraire du blog A l’ombre du noyer avec la chronique de votre opus.

Qu’est-ce-qu’habiter un lieu ? C’est lui insuffler son âme

Traditions

Le lecteur n’est pas dépaysé en découvrant Le livre des sœurs sur la table des nouveautés de son libraire indépendant. Il retrouve le même éditeur, une photo magnifique de vous sur la couverture et votre prénom + nom sur deux lignes en titre. Seules les couleurs changent. Vous optez pour la couleur ocre, si chaude et naturelle. Je trouve la couverture particulièrement réussie cette année.

L’ouvrage est fin, la police de caractères et les interlignes importants, les chapitres majoritairement courts, l’écriture fluide et le style « nothombesque » (ah l’enfançonne…). Vous mêlez légèreté et gravité (nous y reviendrons plus loin) et offrez ainsi à chacun le choix de profondeur de sa lecture.

C’est la routine et c’est très bien ainsi. Cela contribue à n’en pas douter à votre immense succès populaire.

Comme chaque année, je me suis régalé et j’ai ajouté un nouveau mot à champ lexical. En 2022, ce sera donc apophtegme. Kesako ? Le Larousse nous répond : « Parole, sentence mémorable, exprimée de façon concise et claire ; aphorisme, maxime. »

Merci Amelie pour cette belle fidélité à vos principes et valeurs.

L’audace ressemblait à la fois au feu et à la faim, elle se situait dans la poitrine. En respirant très fort, on l’attisait. Tristane réfléchit alors à un mot susceptible de susciter en elle un désir immense

Sororité

Vous demeurez également fidèle, chère Amelie, à vos thématiques favorites : ici, les liens affectifs et la sphère intrafamiliale.

Tristane l’aînée et Laëtitia la cadette font bloc commun face au rejet de leurs parents Nora et Florent. Ces derniers forment en effet un couple fusionnel et si tragiquement égoïste pour leurs enfants. Tristane n’était qui plus est pas souhaitée…

L’amour face au désamour, la solidarité entre femmes ou quand l’union fait la force.

Les personnages principaux et marquants sont en effet majoritairement des femmes.

Il y a donc Tristane, celle à qui on interdit de pleurer parce que c’est mal, celle qui ne doit surtout pas se faire remarquer, celle que les mots et sa sœur sauveront.

Il y a ensuite Laëtitia, la petite sœur, la rockeuse, l’opposé de Tristane. Elle regorge d’amour. Elle sera le coach de Tristane, elle va tout faire pour elle. Tout paraît simple, tout paraît une évidence entre les deux sœurs. C’est un amour passionnel, fusionnel.

Et il y a enfin la tante Bobette, la sœur et l’antithèse de Nora. Elle voue une admiration sans faille à Tristane contrairement à ces 4 enfants. Elle est certaine que Tristane deviendra une personnalité importante. Elle est, vous l’aurez compris, très importante dans la « survie » de Tristane.

La moindre séparation supposait des adieux, les moindres retrouvailles des effusions interminables. Ils n’y pouvaient rien. L’amour n’est pas une sinécure.

Profond

Alors Benoît, quel est votre avis sur ce millésime 2022 ?

Je l’ai apprécié chère Amelie. Pas autant je l’avoue bassement que Soif, Stupeur et Tremblements ou l’hygiène de l’assassin qui restent pour moi vos plus grands textes. J’aime quand vous parlez du Japon, vous le savez, il en est de même avec la famille. Vous nous frappez, chère Amelie, droit au cœur encore avec Le livre des soeurs.

Je l’ai trouvé dur. La désaffection parentale fait des ravages et vous l’illustrez très bien. Cette absence totale d’amour m’a perturbé. J’ai eu du mal à m’attacher aux personnages alors même que je ressentais le malaise.

Vous pointez également avec brio les difficultés d’une enfant surdouée, incomprise et mal aimée. Comment se faire une place dans ce monde si particulier et cruel ? Comment augmenter sa confiance en soi ? Tristane est vue comme la fille au regard terne et rien ne peut changer cela. Je doute d’ailleurs que vous ayez choisi le prénom au hasard chère Amelie.

Et il est en même temps joyeux. Laëtitia et Bobette mettent du baume au cœur, font rire, motivent, stimulent. La détermination sans faille de Laëtitia, l’excentricité de Bobette en opposition avec la discrétion de Tristane.

Et comme je l’écrivais déjà plus haut, il vous ressemble. On y retrouve votre amour des mots et de la littérature, l’amour filial et fraternel, votre volonté d’interroger votre lecteur sur son propre regard sur soi, sur l’image qu’il expose aux autres.

Les mots ont le pouvoir qu’on leur donne

Conte moderne, noir et profond, Le livre des soeurs est du Amelie Nothomb. Aucune surprise. Il est malheureusement toujours aussi court, démarre tambour battant, s’essouffle un peu et se termine abruptement. D’aucuns critiqueront tout cela, d’autres comme moi tourneront la dernière page frustrés. Je vous laisse vous faire votre propre opinion.

Ce n’est pas un coup de cœur mais j’ai apprécié encore cette année l’opus d’Amelie Nothomb.

Merci et à l’année prochaine Amelie.

3,75/5

1 COMMENTAIRE

  1. C’est vrai qu’elle est fidèle au poste chaque année, vaille que vaille. Cela fait longtemps que je ne la lis plus, mais au moins, quand je l’entends, elle me fait rire !

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